mardi 25 mars 2008

9 octobre 1927 : Portrait de la Reine (lettre à Marthe)

"Ma chère Marthe,
C'est peut-être à Maman que je devrais écrire puisqu'elle m'a envoyé deux si bonnes lettres en peu de temps, mais la tienne est plus ancienne et tu m'écris si rarement qu'il ne faut pas que je perde cette occasion de t'encourager et de te remercier. Tu es très bonne de me montrer de la reconnaissance parce que je pense encore à ma famille au milieu de "tout cela". Je ne pense, tu le sais bien, qu'à vous donner une autre soeur et si je suis forcé, parce que je lui écris beaucoup, de vous écrire à vous un peu plus rarement, c'est avec le sentiment que vous le comprenez et m'excusez aussitôt.
Vive la Reine, dis-tu. Oui c'est une brave enfant, que j'aime bien et que j'aime tout court, mais je ne voudrais pas que tu attendes une petite princesse de légende en l'attendant car tu serais déçue, je te le dis carrément. J'irai même jusqu'à te dire qu'elle n'est pas régulièrement jolie ; jeune, fraîche, gentille, mais l'air peut-être un peu trop sérieuse et repliée. Il me suffit à moi de connaître son fond et de l'avoir fait sourire d'une façon qui me plaît, pour avoir confiance en elle et subséquemment me fiancer. Parlé-je net ? Et pourtant il n'en est pas besoin. Vous savez bien que l'abord sera gênant. Vous voudriez votre future belle-soeur tellement comme vous et tellement parfaite (1) que vous serez certainement déçues, au début. Mais si vous avez l'occasion de juger comme moi vous reconnaîtrez à cette chère personne assez de simplicité et d'envie de se dévouer pour vous l'apparenter. Elle ne joue pas de piano et ne danse guère, c'est énormément intéressant. Elle a "juste" son brevet et ignore une foultitude de choses dans la vie. Elle me prend pour très savant et m'exprime l'envie de "s'élever à mon niveau". C'est marrant, mais c'est gentil aussi et je l'aime bien pour les illusions qu'elle se fait sur moi. Je te dirai ensuite que ses parents ne roulent plus sur la grosse galette maintenant, et que la dot ne sera pas lourde, qu'elle s'en rend compte, qu'elle m'estime pour l'épouser ainsi, qu'elle fera je l'espère bien la femme économe et dévouée qu'il me faut, ne se souciant pas trop de mes façons roturières et reconnaissant avec moi la simplicité de bon ton pour la première des aristocraties.
Es-tu servie ? As-tu une idée d'ensemble de la "personne" et es-tu disposée à l'aimer avec un peu moins de "parti-pris" comme tu disais, mais avec un peu plus de raison.
J'aimerais que Maman en l'invitant lui demande (ou demande à Mme Beauser) de lui envoyer sa fille un deux ou trois jours avant que j'arrive, afin que vous vous fassiez une idée plus complète d'elle et elle de vous. J'entends me marier dans le cadre familial, ma chère Marthe et que nous ne puissions jamais nous séparer moralement, vous, elle et moi.
Alors, après l'invitation que je demande à Maman de faire, en toute simplicité (sans que je lui envoie de brouillon ! à quoi bon ?) elle vous répondra en vous indiquant son jour. Vous irez la chercher à la gare et le reste ira ensuite tout seul. Vous la logerez dans ma chambre (si j'ai encore une chambre) et moi au grenier. Et puis ne faites aucun apprêt : ce n'est plus une étrangère. On se boira une bouteille d'Asti en fumant une cigarette, à notre façon habituelle. Pourquoi faire plus ? Ses parents m'ont reçu aimablement, mais ils n'ont pas tué autre chose qu'un gigot en mon honneur. Et puis la mangeaille c'est idiot. Ça vous tient à la cuisine et c'est si vite disparu, après. (...)
Je continue, en répondant à ta lettre. Non, ses parents ne viendront pas à Lyon. Son père travaille et a soixante ans, sa mère est trop fatiguée. Ils ont confiance. Nous ne ferons pas de mal à la Reine, je pense.
Et moi, je pense ne retourner à Paris que pour la grande affaire, que je voudrais aussi petite que possible. D'ailleurs c'est dans mes idées. Et puis avec des gens ne dansant pas, c'est la "stricte intimité" qui vaudra le mieux. Si vous pouvez tous venir à Paris et que nous voyagions ensemble, on s'amusera dans le train.
Maman me parle d'une certaine "rose" (2). Je suis bien touché qu'elle ait eu cette pensée de s'en dessaisir au profit de la Reine. Je ne me rends pas compte exactement de la valeur de ce diamant, mais je vous dirai tout d'abord que ce truc-là vous revient à vous mes soeurs avant la Reine et que je n'ai jamais eu l'intention d'offrir une bague de prix. Ça n'est pas dans "mes principes" et la Reine me l'a demandée "la plus simple possible". (...) J'ai demandé à Jane de m'envoyer quelque bague de bazar à la mesure de son doigt. (...)
Au revoir ma chère Marthe. Deux dimanches encore ici et puis je serai parmi mes marraines. Puisse l'enfant vous plaire, je serais tout à fait heureux. Embrasse bien ma mère pour moi, je lui écrirai bientôt. Embrasse Marie-Louise. Serre la main à André. Et embrasse-toi de ma part. Je t'aime bien.
Henri"


(1) Henri a souligné ces derniers mots et ajouté dans la marge : "idiot"
(2) C'était un assez gros diamant, mais dont le dessous était plat au lieu d'être en pointe, ce qui lui enlevait beaucoup de valeur.

A la place de Jane, j'aurais été pétrifiée à l'idée de passer "un deux ou trois jours" dans la famille de mon futur en son absence, confrontée à trois femmes inconnues pas forcément bien disposées à priori à mon égard. Elle était bien courageuse, ou amoureuse, ou les deux... Et Henri bien présomptueux et tendance despotique, à mon avis. Mais vous verrez, ça va bien se passer.

jeudi 20 mars 2008

1er octobre 1927 : Fleurs d'oranger

"Mon cher Henri,
J'ai eu enfin votre lettre ce matin ! Je dis "enfin", ce n'est pas un reproche, car je vous sais affairé, et je vous suis reconnaissante de trouver, malgré cela, du temps pour m'écrire, et si gentiment cette dernière fois !
J'ai envie de vous envoyer le plus gentil et le plus aimant des baisers pour vous prouver ma gratitude et vous récompenser, si toute fois cette singulière récompense peut vous être agréable.
Et me revoici, aujourd'hui, tout comme lundi dernier, installée de la même façon qui donne à mon écriture une excuse. Oui, j'aime mon divan ! Oui, cette phase, cette période de l'existence que nous traversons en ce moment n'est pas à regretter. Et je m'en souviendrai plus tard, peut-être avec émotion ? Peut-être aussi serai-je tentée de sourire à l'évocation de ces souvenirs, de ces enfantillages de votre vieille chose ! N'importe, c'est charmant !
Et vive notre belle jeunesse ! Soyez jeune, toujours, comme moi. Et défiez bellement la méchante nature qui blanchit déjà vos cheveux (je l'ai très bien remarqué). Les miens seront blonds éternellement.
Et c'est toujours, à peu de chose près, la même existence. Il y a deux semaines, nous étions au musée Grévin ; dans 4 autres semaines, nous serons à Lyon, ou presque. Ce sera moi l'éclaireur. (...)

J'aime beaucoup votre gentille petite soeur Marthe. Elle doit être charmante, d'abord pour sympathiser de la sorte avec une pauvre vieille chose comme moi qu'elle ne peut que bien vaguement s'imaginer, surtout par les vilaines choses que vous êtes peut-être bien capable d'avoir raconté à mon sujet.
Et je serai heureuse que vos deux soeurs viennent m'attendre à Lyon avec Thérèse Biass.
J'ai écrit à cette dernière il y a déjà longtemps, monsieur ; n'essayez pas de m'accuser de négligence. Seulement, ayant adressé ma lettre à Villeurbanne, à tout hasard, celle-ci avait voyagé un peu. C'est une partie de plaisir comme une autre...
Oh, cette écriture ! Dieu garde ! dirait, et s'exclame peut-être mon brave méridional.
Attendez, je vais me recaler un peu, ça ira mieux. Jugez-en.
A quoi cela ressemble-t-il, du bois d'olivier ? Ça doit être sympathique, et l'évocation de ce feu parfumé nous chauffant l'un près de l'autre au coin de votre âtre, me plaît.
Oui, nous lirons ensemble. Mais pas à voix haute, n'est-ce pas ? Je n'aime pas cela.
Mais nous échangerons nos idées et je m'amuserai à bouleverser les vôtres. Ou bien, par un prodige dû à votre intelligence et à votre jugement élevés, réussirez-vous à convaincre votre étourdie d'enfant et à la former selon vous. Dieu, quelle phrase ! (...)
Et demain nous allons chez des amies, madame Fromentin (une vieille amie de maman), et sa fille Marthe, une belle fille de 30 ans, très chic, qui se "gobe" pas mal aussi, et a une jolie situation chez Schneder (Je ne sais pas écrire ce mot). Vous pouvez vous moquer. (...)
Mes meilleurs souhaits de bon voyage à votre patron, et qu'il vous laisse tranquille pour un bout de temps. Vous m'écrirez un peu plus, alors, voulez-vous ?
Vous savez bien, mon cher Henri, que vous ne pouvez pas me faire de plus grand plaisir en ce moment. Quand je n'ai rien une journée, c'est une déception, une vague tristesse qui me pèse. Soyez gentil, mais que cela ne vous coûte pas.
Et j'ai quelque chose à vous demander. Nous avions causé, avec vous et maman, des fleurs d'oranger si rares à Paris et si abondantes à Nice. Vous en souvenez-vous ? Maman a toujours le sommeil plus que léger et son état s'en ressent, son moral surtout. C'est effrayant ! Alors, pourriez-vous galamment lui envoyer un minuscule paquet de ces fleurs salutaires ? Nous nous excusons, nous sommes confuses d'abuser de votre complaisance et nous vous en remercions. Mais rien ne presse, travaillez, moulez, cuivrez, dessinez, sculptez même, et... écrivez.
Et puis, je voulais vous dire aussi cela : que je compte sur votre bonté pour m'épargner le plus possible de ces visites de présentation, bientôt. Je vous en prie, mon ami, ayez pitié de votre sauvageon de petite chose, de cette timide jouvencelle de la Porte Dauphine.
Je ne veux pas rajouter encore une 3ème feuille, ce serait trop vous gâter (de belle écriture surtout). Et je vais sortir pour vous envoyer ça.
Au revoir, mon très sympathique ami. Je pense à vous toujours et demeure votre petite chose, à vous.
Jane"

mardi 18 mars 2008

27 septembre 1927 : Monaco - Le Palais du Prince


"Chère petite chose,
Aujourd'hui est un jour vertueux : j'ai balayé "ma" cuisine et, sauf votre respect, j'ai envoyé mon linge à la blanchisseuse : Neuf chemises et le reste en conséquence. Riez. Ma vertu a été précédée d'une longue négligence. Mais que vous importe ?
Et vous, faites-vous aussi de ces actes de vertu... forcée ? J'aimerais à savoir. Et que vous a répondu votre petite amie de Nogent ? Et êtes-vous retournée à Labretêche ? Ou chez ma cousine ? Avez-vous toujours ce fameux air content ? Et votre écharpe participe-t-elle toujours à vos émotions intérieures ? Personne ne m'écrit plus, que vous. Depuis notre séparation, plus de nouvelles de personne, sauf de vieille chose. Alors écrivez beaucoup. N'importe quoi. Faites-moi rire ou pleurer. Mais mettez un peu de vie dans mon existence stupide. Et puis, tâchez de reconnaître ici le palais du prince, en attendant de la visiter avec l'Homme. Ça veut être majestueux et c'est hilarant. Votre lettre pour aujourd'hui ou demain ? Dear old thing I love you, monster or no monster.
Henri"

27 septembre 1927 : Pitié pour les concierges !


"Paris, mardi soir 9 h - 27 septembre 1927 (c'est tout)
Mon cher Henri,

Que représente donc votre dernière carte ? Nous avons cherché en vain, papa et moi, et avec une forte loupe, à en déchiffrer les caractères. N'importe, elle est bien. Et je suis très heureuse, ravie de faire des fautes d'orthographe par ignorance ! Mais qu'avez-vous dit de moi à vos amis ? Je veux savoir. Merci d'avoir demandé cette "corvée" à Thérèse Biass. Je pense souvent à ce séjour à Lyon, et avec beaucoup de crainte. Vu vos cousins aujourd'hui, toujours charmants. Et aussi une amie, Madame Gravier, qui m'a chargée de vous féliciter. J'ai répondu que je n'oserais jamais, mais comme elle insistait...

C'est très bien de prendre des kilogs ; tâchez, cependant, de ne pas exagérer : ce serait défectueux.
Pourquoi toujours me parler de mon concierge ? Par pitié, mon cher ami, laisse-le (sic) tranquille. Pensez un peu à la situation dans laquelle vous me mettez.
Vieille chose me charge de vous dire qu'elle trouve tout naturel que vous vouliez bien l'aimer toujours. En échange, elle va jusqu'à vous embrasser gentiment."


Tampon de la poste : "Chaque année 60.000 enfants meurent par votre ignorance ! Mamans, apprenez votre métier"

jeudi 13 mars 2008

22 septembre 1927 : Carte postale représentant un arbre et au loin... ?

"Là ! Votre lettre m'a fait plaisir et m'a été droit au coeur. Merci mon amie. Je l'ai attendue cette lettre pour vous envoyer cette carte qui vous arrivera ainsi avec un peu de retard, peut-être. Cette coutume de vous écrire chaque jour m'est sacrée, vous le savez. Seulement, laissez-moi toujours une marge de quelques heures. Ce soir, j'écrirai à votre... future cousine Biass (1) et demain je vous répondrai. Est-ce un reproche que vous me faites en m'envoyant ces pétales de roses ? N'importe, j'ai comme un remord de ne vous avoir jamais rien offert. Soyez indulgente et patiente. Je ne voudrais rien vous offrir de banal.
Voyez, je suis sage et gentil, je n'égratigne pas, aujourd'hui. C'est que vous êtes tout à fait tendre et gentille dans cette lettre, absolument comme je vous veux et comme vous serez toujours, maintenant. Je suis tout à fait dispos, l'appétit revient, je vous obéirai et deviendrai un... cavalier un peu plus étoffé et présentable. A demain, ma Jane.
Henri"
(1) Thérèse (née Dumas ?)

Plan de l'appartement rue Pie Scoffier (Nice)

21 septembre 1927 : Jane a compris

"Mon cher Henri,
J'attendais si peu une lettre de vous ce matin que j'en ai été surprise, presque attendrie. Honestly ! Croyez-moi. Je ne raille plus. Je n'ai jamais été aussi sérieuse. Je pensais bien que vous m'enverriez une pensée en cours de route, mais j'avais espéré une simple carte. C'est donc mille fois mieux, ou plus.
J'espère que votre long voyage aura continué à bien s'effectuer. Savez-vous que j'ai pensé à vous sans arrêt depuis votre départ, et vous suivais (...).
Figurez-vous qu'ici il fait un temps superbe. C'est presque une ironie que ce déclanchement (sic) tardif. Enfin c'est meilleur pour le moral. Mais oui, j'en ai besoin. Hier s'est écoulé pour moi fort tristement. Je me suis trouvée honteusement paresseuse, rêveuse, et j'aurais voulu pouvoir m'endormir comme je voudrais pouvoir le faire, pendant 5 semaines. Ce sera long, oui. Je vous l'avais dit, déjà ; alors, pourquoi cette question ? Ne croyez-vous pas, mon ami, n'êtes-vous pas persuadé que votre petite chose soit capable d'éprouver pour vous un autre sentiment qu'une vague sympathie ? Oui, je veux bien vous aimer, maintenant et toujours, et pas d'un amour de 2ème zone.
Ayez confiance en moi. Je suis, ou peux être, cela ne dépend que de vous, la meilleure des créatures, et toute dévouée, et aimante.
Mais quant à vous promettre de ne plus vous taquiner jamais... Ça c'est une autre affaire. On ne peut promettre que ce que l'on est sûr de pouvoir tenir. Et votre promesse à vous, formulée en face de l'Etang de Berre, me laisse sceptique. Peut-on se refaire ?
Et maintenant, causons sérieusement. Vous êtes le meilleur et le plus respectueux des fils. Croyez bien que je vous ai compris de suite et y avais songé déjà, moi aussi.
Il est naturel, en effet, que vous désiriez consulter votre mère avant de ne rien entreprendre de décisif en ce qui nous concerne. Cela doit être, et c'est bien. J'ai agi étourdiment, l'autre jour, lorsque je vous demandai si nous pourrions nous considérer dès maintenant comme fiancés. Et je vous obligeai presque à me répondre oui. Pardonnez à l'enfant que je suis. Je n'ai encore écri (sic) à personne autour de moi, ni même causé. Je n'en éprouve d'ailleurs aucun besoin, préférant garder pour moi seule (en vieille égoïste) et cacher aux oreilles amies... et curieuses aussi, le secret de mon coeur. (...)
Hier, en revenant de chez ma grand-mère, je tombe sur votre cousine Violette qui remontait la rue des Martyrs avec Jeannine. Nous avons échangé juste quelques mots insignifiants, car il était fort tard. Il paraît que j'avais le sourie ! N'importe, ma tristesse régnait. Je vous l'affirme.
Vous vous souvenez des malheureuses fleurs rapportées lundi soir de La Bretêche ? Eh bien elles se sont ouvertes, et maintenant elles tombent. En voici les derniers pétales. Tout passe, mais les souvenirs restent (heureusement !).
Ne veillez pas pour écrire à votre vieille chose, elle ne comptera plus les pages. Ce qu'elle désire, seulement, c'est une pensée, quotidienne peut-être ?
Sincère et profonde affection
de votre petite Jane"

mardi 11 mars 2008

21 septembre 1927 : Grandes précautions

"Ma chère Maman,
(...) J'ai demandé à la jeune personne en question de vouloir bien venir séjourner quelques jours parmi vous pour la Toussaint, comme c'était mon projet, à la suite de ton approbation. Elle a accepté, un peu gênée de devoir atterrir chez vous qui lui êtes inconnues, mais je lui ai suggéré de se faire accueillir, en commençant, par Thérèse, et puis la famille Beauser n'a pas perdu toutes ses relations à Lyon et il serait encore dans les choses faisables qu'elle reçut l'hospitalité en dehors de chez nous. Ce sont d'ailleurs des détails.
Le fait de l'avoir invitée constitue pour moi une espèce d'engagement, que je ne rejette pas et, je te le dis tout de suite, j'espère bien me fiancer à ce moment. Je voudrais (et arrangerai les choses pour) que la jeune personne passe quelques jours avec vous avant mon arrivée. De la sorte, tu aurais tout le temps de te former les idées à son sujet et, comme je pense bien qu'elles seront favorables à mon projet, nous pourrions passer à un autre genre d'exercices assez rapidement. J'ai en effet carrément l'idée de me marier. Ne t'effraie pas. L'enfant est gentille et de goûts simples, éduquée par l'adversité et, avec ça, assez confiante dans l'avenir. L'honnêteté et la moralité ne font pas de doute( ce sont des termes de commissaire de police, je m'en excuse auprès des susceptibilités qu'ils pourraient effaroucher) et quant à la profondeur de ses sentiments religieux, je te les laisse à scruter (...).
Samedi, à mon arrivée, nous - Jane comprise - avons déjeuné chez Paul à 1 heure de l'après-midi (...) puis nous sommes allés - sous la pluie - au musée Grévin. Ensuite, 22 rue Henri Poincaré, j'ai fait la connaissance des parents, ai dîné chez eux. Dimanche, nous étions, Violette, Paul et moi, invités à déjeuner. C'est là que j'ai vu la mère-grand. Ensuite, laissant les parents, nous sommes allés nous promener. Puis laissant Paul, Violette et leur fille dans le jardin du Luxembourg, nous sommes allés visiter le Panthéon. De la cave à la coupole. Lundi, l'excursion que je t'ai dite
(1), cette jeune fille et moi. Une heure de train, une demi-heure dans la forêt, presque sous la pluie (pas un brin de soleil ces trois jours). Retour de même. Dîner chez les parents, tentative pour voir les illuminations de la fête américaine, et puis train à la gare de Lyon. Baisers, serments, sifflet. Lyon, Marseille, Nice.
Elle me plaît, je l'intéresse. Pourquoi pas ?
Ca y est. Tu es effrayée, désemparée. C'est trop vite. C'est imprudent. Comment te répondrais-je ? Je ne le puis. En tout cas, garde bien ton calme. J'ai tout le mien. Je suis honnête, je suis gentil. Elle aussi. Alors ? Le reste c'est de l'Inconnu, on ne fait rien contre lui.
Voilà, ma chère Maman. Cette lettre va te faire penser et prier pour moi. Je ne dis pas non, je sais que tu m'aimes tellement. Tu sais aussi que je ne veux pas te faire de peine et c'est ma conviction que, plus lentement que moi, tu arriveras à penser comme moi au sujet de la nouvelle fille que j'ai envie de te donner. (...) J'écris à la jeune fille, des cartes en couleurs et des lettres aussi, naturellement. Ça prend du temps. Mais je t'écris aussi, tu vois, et quand tu voudras. Alors, ne te fais pas de souci, ménage-toi, et reçois mes tendresses illimitées.
Henri"

(1) A "Labretêche" (je pense qu'il s'agit plutôt de La Bretêche), dans la forêt de Marly, chez le frère et la belle-soeur d'Anna Beauser.

Chers Z'anonymes

J'adore trouver vos commentaires dans la boîte à commentaires, chers anonymes. Certains savent que j'ai l'habitude de fréquenter des anonymes, mais pourquoi ne pas vous dévoiler ?
Et même, audace suprême, m'envoyer un mail à l'adresse indiquée (en mettant l'arobase au bon endroit, bien sûr) ? Pudeur, timidité, agorablogophobie ?
En ce qui concerne la rapidité du passage aux choses sérieuses, il faut se rappeler qu'on était en 1927 (je sais, vous n'avez pas connu ces années-là, qui n'étaient folles que sous certains points de vue), que Jane habitait toujours chez ses parents, et que nos tourtereaux n'étaient plus de toute première fraîcheur. Et puis, c'était peut-être un cas de "love at second sight"...

lundi 10 mars 2008

20 septembre 1927 : Henri est dans le train du retour

"Ma chère Jane,
Il fait un peu de soleil. Nous sommes en ce moment arrêtés sur le pont du Rhône. Il ferait beau sans cette brume qui ne permet pas de voir plus loin que le Pont de la Guillotière. Vous voyez, à mon écriture, que le train roule maintenant tout à fait. Quand nous nous sommes séparés, j'ai essayé de vous faire signe encore par la portière du compartiment, mais le train démarrait trop vite, je ne vous ai plus vue. (...)
Quel cauchemar cette pluie à Paris, et quel autre cauchemar ce métro avec une valise, un parapluie, un manteau et un chapeau !
Au lieu de cela, imaginez cette descente dans la vallée du Rhône en plein soleil (nous avons passé Vienne), dans un compartiment pas trop peuplé, où il y a précisément votre place libre à côté de la mienne.
Il faudrait que le paysage se décrive tout seul comme il défile, ou que je n'écrive pas. Car si j'écris, je me prive de voir - pour vous. Il vaudrait mieux, décidément, que vous soyez à côté de moi en ce moment. Il nous faudra prendre ce train quand vous viendrez habiter à Nice. Oui. (...)
Je suis heureux que nous nous soyons quittés sur des positions nettes. J'étais venu pour cela. Nous nous sommes promis l'un à l'autre, c'est très bien. Seulement je n'ai pas assez pensé à ma mère. Je vais la mettre en face d'un fait accompli sans lui avoir jamais demandé son avis. Ce n'est pas très respectueux, ce n'est même pas le fait d'un fils aimant. Vous aimez votre mère, vous pensez donc comme moi. Alors, il vaudrait mieux que vous veniez à Lyon pas tout à fait en fiancée et que, en performant la petite solennité du don d'une bague, nous ne nous fiancions officiellement qu'à ce moment.
Je vais au devant de votre étonnement. Que vient faire ce mot "officiellement" ici ? Je vous ai demandé d'être ma femme et vous avez dit oui. Cela dépasse toutes les formalités du monde. Il n'y a pas de doute sur notre situation réciproque, je pense. (...)
Conclusion pratique : Je vais écrire à ma mère dès qu'à Nice. Je lui dirai exactement mon sentiments et mes projets avec tout ce que nous avons fait à Paris ces jours derniers. Je lui dirai que nous avons franchement parlé de mariage, que nous le désirons l'une et l'autre, que vos parents m'ont bien accueilli, que le fait de vous inviter à Lyon constitue un engagement indubitable de ma part et que je n'attends plus que son approbation à elle. (...)
Il fait beau et chaud. J'ai retiré même ma veste. Mon parapluie et les autres instruments de torture sont tout étonnés de ce qui leur arrive.
Et vous ma chère Jane ? Est-ce encore de la pluie ? Est-ce un peu de vague à l'âme ? Ou, au contraire, êtes-vous contente de ces vacances de six semaines, les avant-dernières ?
Vous savez qu'à Nice, tout seuls, il faudra que nous nous aimions absolument, sans un nuage. Pour cela, plus de taquineries. Celle-ci est la dernière que je vous fais, je vous l'affirme en face de l'Etang de Berre, bleu sombre et doré...
Et une autre fois, quand je vous dirai que je suis jaloux, ne trouvez pas que cela soit drôle... Oui, cela vous a fait rire, dans le métro.
Ecrivez-moi que vous m'aimez un peu. Je vous aime tout court. - Marseille !
Mes respects à vos parents, s'il vous plaît.
Au revoir, amie.
Henri"

dimanche 9 mars 2008

Cher public...

Dans deux jours (espace-temps de septembre 1927), il va descendre du train et ils vont savoir si leurs souvenirs n'ont pas trop embelli la réalité. Ils sont impatients. Vous aussi, j'espère.
Demain, dans notre espace-temps, je vous donnerai des nouvelles post-deuxième rencontre.
A part ça, vous pensez peut-être que c'est plus facile de publier des cartes postales telles quelles, mais mine de rien, Photoshop, c'est un sacré boulot. (Heureusement que je n'en suis pas à retoucher des bourrelets...)

15 septembre 1927 : Henri a fait sa valise

14 septembre 1927 : Jane attend...

Normalement, en faisant un double clic sur l'image, vous y verrez plus clair...

7 septembre 1927 : Henri écrit à son grand frère

"Mon cher Kozak,
Je pensais beaucoup trouver dans ma boîte une lettre de ma "maîtresse" et puis j'ai trouvé la tienne. La sienne ne sera que pour ce soir (nous sommes réglés comme des machines. Les "tolérances" n'excèdent pas l'intervalle d'une distribution à l'autre). Je suis heureux de ce petit répit sentimental qui va me permettre de commencer immédiatement cette lettre et, si je ne la finis pas tout de suite, la laissera, béante comme un remords, sur ma table. (...)
Même jour, 19 heures. Comme prophétisé, j'ai trouvé la lettre en question en revenant du boulot. Cette gosse est d'une ponctualité remarquable : la vraie promise d'un adjudant. Cependant, ne frémis pas encore, je n'y attache que l'importance voulue. Ce qui retient d'avantage mon "attention" c'est qu'elle a une grande facilité d'élocution, un style presque châtié et une orthographe exactement convenable pour une femme (c'est à dire : une faute par lettre, une grosse faute d'étourderie, de quoi se mettre à genoux devant ! (...)
Je pense bien être à Paris samedi 17, dimanche et lundi, ce qui ne correspond pas du tout au "mois prochain" dont tu me parles. C'est foutre dommage, mais tout est déjà presque arrangé avec mon patron et avec l'enfant en question, et je me vois difficilement "remettant" l'histoire à quinze jours ou 3 semaines. Ça y est, je ne suis déjà plus libre. Petit à petit le désastre va s'étendre. Jusqu'à tant que nous ayons cinquante ans et des grandes filles à solder et alors pourrons-nous peut-être revenir à de moins problématiques rendez-vous. (...)
Suis-je épris ? Je ne sais pas encore. Mais si je dois le revenir, de Paris, bientôt, alors mon but sera de ménager un petit voyage de la jeune personne blonde à Lyon, peut-être pour le 1er novembre afin que je profite du pont. Ballon d'essai, entends bien. Je n'en ai pas encore parlé, qu'à Maman. Il ne faudrait pas que je coupe ainsi la chance des marraines de faire un séjour chez toi, par exemple. Je t'écris ça pour te donner une impression, à la fois de l'état de mes "amours" et de la façon dont je conçois leur développement ultérieur et rationnel. (...)
Ensuite ? Eh bien c'est tout. Ici il fait chaud et lourd. Il vient de pleuvoir un peu après des mois sans eau. Je n 'envisage pas de mourir sur ce rivage. Tant pis pour l'hiver, mais je voudrais vieillir dans la campagne rhodanienne. Les affaires sont un peu en crise, le travail emmerdant, le patron en voyage, les engueulades en route avec lui. En attendant, je ne m'en fais pas. J'écris une lettre tous les cinq ou six jours à ma "maîtresse" et une carte postale toutes les 24 heures. Voilà.
Il est tard, je vais vite souper et me coucher. Bon courage, bonne santé. Et le reste. N. d. D.
Ensuite, si tu as des photos de Graves à m'envoyer, ne te prive pas.
Bien tendrement
Henri"
Au crayon au dos du dernier feuillet :
"M. alors ! J'avais deux enveloppes préparées. J'ai failli mettre cette lettre dans l'enveloppe à l'adresse de ma "maîtresse" !!!"

jeudi 6 mars 2008

Et voilà...

Bon, question mise en page, il y a encore des subtilités qui m'échappent. Mais ceci est maintenant officiellement un blog illustré. (Voir les étiquettes)

Tout vient à point (merci d'avoir patienté, cher public)

Devinez quoi : le cordon du scanner a refait surface ! Bon, il était rangé, c'est pour ça qu'on a eu un peu de mal...
Donc, après un essai un peu raté avec l'appareil photo, je vais me lancer, et vous aurez bientôt (peut-être un peu plus tard ce soir) le plaisir d'admirer quelques images.

dimanche 2 mars 2008

6 septembre 1927 : Jane trouve le temps long

"Mon cher ami
J'allais mettre... vous le dirai-je ? Non. J'allais vous appeler par votre prénom, et je n'ai pas osé. Serait-ce trop d'audace ? Ou ne serait-ce pas, comme il me semble, tout simple et bien ?
J'ai eu votre lettre tout à l'heure, et, comme une enfant gâtée que vous avez déjà fait de moi, je me suis écriée, assise confortablement sur le moelleux divan de ma minuscule chambrette : huit pages seulement ! Mais les lignes en étant nombreuses et l'écriture heureusement fine, je me suis consolée. Savez-vous que je vais devenir d'une exigence, avec vos cartes postales quotidiennes ? Elles sont belles, oui, et elles me plaisent. Voulez-vous continuer encore ? Je crois qu'on s'habitue aisément aux bonnes choses. Je vous plains sincèrement d'étouffer de la sorte. Ici, il fait si bon et frais ! Je mettrais bien volontiers quelques souffles légers au fond de mon enveloppe pour vous, si je le pouvais. (...)
Oui, monsieur, c'est moi qui vais être terriblement intimidée en vous revoyant, alors je vous préviens simplement, afin que vous fassiez une provision d'assurance pour deux.
Et je vous écris en toutes lettres, et en signant ma déclaration, si vous le voulez, que je me souviens de vous comme d'un garçon tout simple, agréable et... sympathique. Dieu, que ce mot m'est donc d'une ressource précieuse. Il me plaît, dans beaucoup de circonstances.
Je comprends votre désir de me retrouver seule, et je le partage. Ces jeunes filles d'aujourd'hui, vraiment !... On entendra tout.
Que voulez-vous, j'ai la sainte horreur des chaperons, si plaisants puissent-ils être. Alors je tâcherai d'user de diplomatie pour vous satisfaire. (...)
Et si, manquant à toute correction, vous me trouviez à la gare de Lyon, le samedi 17 septembre à 12h15, comment trouveriez-vous cela ? C'est une idée du simple "moi".
Maman demandera à vos cousins de vouloir bien venir à la maison probablement le dimanche, et peut-être pourrons-nous, si mes parents y consentent, nous échapper à La Bretêche le lundi, si, comme je l'espère bien, vous disposez de cette journée complète. Ce serait vraiment trop court, autrement ! Mais je ne me montrerai pas plus longtemps exigeante à vos yeux. Je suis la petite chose obéissante qui vous attend. Et l'Inconnue prendra l'Homme par la main et lui fera visiter Paris. Ce sera encore l'Homme qui expliquera, tant mieux ! Et s'il pose à l'Inconnue des questions, eh bien, elle y répondra, voilà tout, et simplement. Quelles seront ces questions ? Amèneront-elle une rougeur au front de l'Inconnue ? Et pourquoi rougirait-elle, et de quoi ? Elle se demande parfois ce que l'Homme a bien pu s'imaginer et ne veut pas chercher à comprendre. (...)
Vous ennuié-je ? Avec mon bavardage stupide et d'un décousu ! Et j'en oublie, je crois, d'être gentille, et de vous témoigner un peu de ma... sympathie. Dirai-je affection ? Que préférez-vous ? Je désire que les jours s'enfuient. Comment faire pour les pousser ? Les enfants sont impatients, vous savez bien.
Affectueusement à vous.
Jane Beauser"
Phrases ajoutées dans les marges : "I wish you a very happy birthday. Sorry I am to (sic) late"
"Je pique vos cartes postales aux murs de ma chambre, cela fait un décor riant et... sympathique"

3 septembre 1927 : Amie !

"Me voici, puisque c’est samedi et que demain je puis me lever un peu plus tard, devant ma table, sous la lampe, encore une fois. [...]
Je suis resté pantois en trouvant l’épaisse enveloppe dans ma boîte aux lettres. Et jamais je n’ai eu autant de plaisir à vous lire. Je persiste à affirmer que vous écrivez comme vous parleriez. Attention ! (pour employer votre terme) - Attention, je vais vous dire quelque chose qui me paraît un peu risible et qui, soit vous attendrira, soit vous fera rire tout à fait : Il m’a semblé, dans votre dernière lettre, (à ces passages mêmes où l’émotion vous fait pécher contre l’orthographe) il m’a semblé sentir votre respiration. Vous allez répondre, en haussant les épaules, que cette chose-là n’existe que dans les livres d’heures, où l’on reprend son souffle à chaque astérisque. Alors je vous dirai que les extrêmes se touchent, que le grotesque confine au sublime, et que, dussé-je vous sembler grotesque, j’ai très bien senti votre coeur palpiter un peu, ici et là, dans votre lettre.
Je ne serai pas assez fat pour croire que c’est moi qui l’aie fait palpiter, mais vous ayant amenée par cette correspondance à me confier des choses d’un ordre assez intime, j’en dois rendre responsables mes lettres, il me semble.
Et pour finir, il me vient une espèce de scrupule, à l’idée que, de ces lettres, je me sers un peu comme un déguisement. Je vous apparais peut-être, au travers de cette correspondance, comme un être aux idées variées, à l’expression facile, comme une sorte de bon-vivant éclectique et disert. Hélas, il faudra que vous m’écriviez en toutes lettres, en signant votre déclaration encore, que vous vous souvenez de moi sous mon jour véritable, c’est à dire paré de bien peu de fantaisie et d’élégance, pour que je me décide à reparaître à vos yeux.
C’est ainsi qu’amené à envisager notre prochaine rencontre comme une circonstance très pénible pour moi, du moins pour ce que je vous di là, je souhaiterais vous retrouver seule, sans même la présence de mes cousins, pourtant si gentils et si discrets.
Hé ! En ai-je une façon de vous faire la cour ! Vous en êtes abasourdie ? Moi aussi.
Je connais des gens qui enverraient des vers à leur “Inconnue”, d’autres qui en apprendraient pour les réciter au bon moment, d’autres qui repasseraient leur discours et le pli de leur pantalon pour produire la meilleure impression au premier re-contact...
Ma foi, avec moi, vous pourrez contempler du premier coup d’oeil l’étendue du désastre. Je ne ferai nul apprêt pour tenter de recrépir mes vieilles façades lézardées et je vous avertis bien que l’émotion me coupera tous mes moyens. Certainement je vous semblerai tout à fait antipathique.
... A moins que je ne décide quelque extravagance et que je ne rompe la glace par quelque geste fort naturel que je vous laisse à imaginer. Oh ne faites pas d’efforts d’imagination : je vous dis que ce me semblerait fort naturel, la simplicité même, et que je le désire, tout court.
Maintenant, si vous jugez mes discours incongrus et mes projets “improper”, ayez de l’indulgence pour le sauvage que je suis. [...]
Cette idée d’un petit voyage à Labretêche me sourit beaucoup. En plus du plaisir que j’aurais à faire connaissance de vos oncle et tante qui me paraissent vous être si sympathiques, ...oui, enfin vous allez me faire mettre en colère...
J’ai déjà protesté - en anglais !- contre votre perfidie au sujet de certaine promenade sentimentale possible dans la forêt avunculaire (?) - Pourquoi me narguer ainsi et me traiter, presque, de vieux pion et, péjorativement, de philosophe ?
Vous semblé-je pas capable de cueillir la noisette en votre compagnie, voire d’effeuiller la marguerite, de me noyer fort bellement pour attraper un myosotis et me comporter, en un mot, comme d’usage en pareille circonstance. Je sais bien que j’aurai trente ans après-demain, mais justement j’ai décidé qu’il y en avait dix qui ne comptaient pas, puisque, en vérité, j’ai si peu vécu pendant ces dix ans-là. Bref, moralité élastique et prometteuse : Qui vivra verra. [...]
Quant à vous, chère Personne, vous avez bien une drôle d’écriture pour une demoiselle ! Caractéristique, justement parce que éminemment différente des grands et stupides jambages de l’écriture féminine moderne. Avec votre écriture, au moins, vous me faites de vraies lettres, tandis qu’avec l’autre je ne pourrais qu’être volé. Moralité : Continuons chacune et chacun à écrire comme nous savons le faire et sans commentaires !

Moralité annexe : Ne continuons pas trop longtemps, et vive Panam ! [...]

Aimez-vous les cartes postales ? - Oui ! - Vous en ai-je envoyé de belles ? - Oui ! - Alors, vous, amie, écrivez-moi un peu plus intelligemment que je ne l’ai fait aujourd’hui. Il fait lourd, je vous le répète. Comment avoir un peu d’esprit dans ces conditions ?
Ce serait le samedi 17 à 12h15 que j’arriverais à Paris. C’est presque convenu, de mon côté. Dites-moi votre avis.
Vous ne pouvez savoir le désir que j’ai de vous revoir et de vous entendre parler. En attendant, je demeure votre dévoué “vieux philosophe” pour vous servir.
H. R."

samedi 1 mars 2008

Mémoire qui flanche

Je crois que ma mémoire m'a joué des tours, et que c'est bien en janvier 1977 que Jane est morte dans son sommeil. La mémoire du vieux Mac a elle aussi été victime d'un crash, ce qui fait que les éléments généalogiques publiés ci-dessous sont issus de ma pauvre cervelle et donc pas garantis authentiques le moins du monde. PH, si tu me lis et si tu te reconnais, peux-tu venir à mon secours ?
Merci encore à tous pour vos encouragements et restez fidèles, bientôt sur votre écran, des rebondissements, de l'émotion, et... des images !