mardi 29 avril 2008

15 novembre 1927 : Emplettes et préparatifs

"Mon cher petit Henri,
Sois fier, j'étrenne pour toi un superbe flacon d'encre bleue. Mais cette teinte me paraît bien un peu bizarre... au fait elle n'est pas mal. Tolère-là, comme le bouledogue, ce sera une concession de plus !
J'ai eu ta longue lettre tout à l'heure, je l'aime bien, toi aussi. Et cette photo est gentille, je n'y pensais plus, j'avoue. Il est vrai que nous sommes beaucoup mieux au naturel, c'est même incontestable, mais ce sera un souvenir. J'en enverrai une à my... our dear old sister, elle lui fera plaisir. Merci à notre cher Kozak.
J'avais, en même temps que la tienne, une lettre de Marthe, tout à fait gentille. Elle me parle du nombre de lettres : 80. Donc 100 pour vous, 100 aussi pour nous, en comptant largement. J'irai tout à l'heure porter la formule au bureau de mon oncle Jean, devant me rendre à 3 heures chez le dentiste, qui demeure tout à côté. Puis j'irai ensuite rue des Martyrs, c'est mardi et la coutume. On y rencontre quelques amies, et il faut bien se montrer un peu... lorsqu'on se marie dans 15 jours et que l'on va quitter Paris pour toujours, peut-être.
Je viens aussi de recevoir une carte de Violette (... qui) m'attendra pour couper ma
robe. J'ai acheté un patron hier et changé de modèle, des volants froncés feront plus d'effet, surtout avec un tissu mince comme le crêpe Georgette. Tu n'est pas le moins du monde intéressé et je t'approuve. Mais puisque tu veux tout savoir, il faut bien que je te dise tout.
Alors, hier, je suis allée aux Galeries Lafayette, j'ai acheté une superbe blouse en toile pour faire ton ménage. Puis au Printemps j'ai trouvé mon coton perlé. J'ai acheté ensuite un petit gâteau sec, non, deux, excellents. Vieille chose avait faim, et puis, les petits gâteaux secs c'est bien tentant. Tu permets, naturellement. D'ailleurs, à 0F35 pièce, ça fait 14 sous, et ce n'est pas tous les jours que l'on fait des folie
s pareilles.
J'ai porté ma montre au bijoutier et il avait terminé ma broche. Elle est ravissante, si tu voyais ... Ne te moque pas, je dessine mieux que ça quand il faut. Les ronds représentent des perles : 3 assez grosses au milieu de chaque étoile, et des tas de petites entre les motifs, c'est fin et original. Je te la prêterai, si tu veux lorsque nous "sortirons". Par exemple pour le bal de Joannès Roullet (1). Ça fera riche. (...)
Et j'ai parfois des remords en pensant que petite chose, malgré le bonheur qu'elle désire apporter à ton foyer, sera la cause de bien des dépenses pour l'Homme. Et ça commence déjà : il y a le smoking, la cravate, les gants (je suis très sérieuse)... le melon (n'oublie pas surtout), des souliers peut-être. Et puis tous ces voyages, les précédents, les prochains surtout. J'en suis toute confuse et ne peux que t'aimer de toutes mes forces en retour. Seras-tu assez dédommagé ? J'en doute. Je voudrais, mon ami, que tu ne m'envoies plus jamais de fleurs. Je sais que c'est une folie, un plaisir pour moi certainement, mais nous sommes des gens raisonnables, prouvons-le, et je serai peut-être plu
s heureuse si, dans 15 jours, 16 jours, tu m'offres un bouquet de violettes parfumées pour piquer à ma fourrure. Et tu en profiteras aussi. (...)
Odette Duma
s, m'écrit ce matin notre soeur Marthe, nous offre une petite lampe électrique très jolie. C'est tout à fait gentil, et je me propose de lui écrire ainsi qu'à son mari, pour les remercier. Maman a cherché tout à l'heure dans ses caisses et m'a donné de fort jolies choses : petits rideaux de vitrage en toile brodée par ma grand-mère, 2 paires, 55 cm de large sur 92 cm de hauteur. Moque-toi encore... Te rends-tu compte ? J'en suis certaine. Et puis : une très jolie têtière, un napperon, un chemin de table en renaissance (dentelle à l'aiguille). Autres choses : une louche en argent, cuiller à sucre, manche à gigot ; la fameuse cafetière et son sucrier en argent, très chics. Tu vois, nous nous montons. Avec mon service de vaisselle il y a de jolis verres. Enfin je suis riche. Nous entreposerons nos richesses dans de grands meubles anciens que nous pourrons nous offrir avec nos dollars. Je dis anciens, ou modernes, comme tu veux ; mon oncle Jean, qui a très bon goût, nous conseille d'acheter petit à petit, quand nous verrons quelque meuble intéressant et de style. Bien sûr il faudra tout de suite une armoire et un buffet pour caser bien des choses. (...)
Oui, nous irons vite chercher le beau soleil, car il fera froid. Tu me guideras dans les beaux endroits que tu connais et dont je ne peux que me faire une idée très vague. (...) Excellente, cette idée de vouloir rester "toujours" sous le beau soleil du Midi. C'est raisonnable, c'est aussi un désir de petite chose. Mais ailleurs que chez M. Roullet, oui. Ce tyran ne me dit rien qui vaille. Et vieille chose lira toujours de l'anglais pour ne pas oublier en cas de besoin. Nous speakerons ensemble, veux-tu ? Ce sera très amusant.

Tu es bien gentil, j'aime tout ce que tu me dis dans ta dernière lettre. C'est si bon, si tu savais ! Et je veux être toujours très très gentille, et dévouée, et t'aimer de toutes les façons, en esprit, avec mon grand coeur et toute ma petite âme. Et je reste dans tes bras, étroitement embrassée par l'Homme aussi longtemps qu'il veut.

Janette"

(1) Joannès Roullet : le patron cyclothymique d'Henri.

mercredi 16 avril 2008

9 novembre 1927 : Abat-jour, bouledogue, et crêpe Georgette ?...

"Chère toute petite Jane,
Il faudra que je rachète bientôt du papier à lettres, mais tant pis. Ce sera de ta faute, tant mieux. J'aime que tu bouscules déjà ma vie, j'aime cette habitude que j'ai prise de t'écrire tous les jours de une heure à deux et de continuer en rentrant le soir.
Aujourd'hui en revenant chez moi à midi, j'ai tourné le bouton... et la lumière fut ! Je me suis exclamé, j'ai manifesté ma joie tout seul, mais je pensais à toi et à ton abat-jour, aux autres que nous ferons ensemble, à l'un-peu-plus de confort que nous aurons enfin. A toi qui as sans doute toujours eu l'électricité chez toi, cela ne paraît rien, mais l'Homme qui ne l'a jamais eue, ni chez sa mère, ni chez lui, en est tout étonné et ravi.
Parlons d'autre chose. Je ne sais pas si je peux espérer avoir ta lettre (ou ta carte) de mardi, ce soir. Cela me rend un peu fébrile. Vois-tu, il est temps que cesse cet état de choses et que je T'AIE enfin tous les jours en dépit des facteurs et des trains. Pour moi, la voie est tellement droite ! Je n'ai rien à laisser derrière, à regretter, presque rien à modifier dans mon existence et je recevrai par contre le précieux cadeau de petite chose tout entière et toute confiante. Tandis que toi tu partiras, tu quitteras tout ce qui te fut cher, pour vivre dans un pays presque étranger avec un homme - qui t'aime - mais avec un homme enfin, pas un dieu, pas un aigle, brave type (oui !), sans plus. Je sens la valeur de ton sacrifice, je t'aime pour l'avoir fait si spontanément et je tâcherai qu'il ne te semble jamais trop pénible.
Il pleuvote. Le mois de novembre, que voulez-vous. Espère en décembre, Jane, je suis sûr qu'il sera beau. Et puis s'il nous faut rester un peu plus au coin du feu, ou faire faire quelques promenades hygiéniques au bouledogue (1), tant mieux : on se serre davantage l'un contre l'autre dans ces occasions. (...)
Huit heures du soir. Chère petite chose, je n'ai réellement pas mis une heure pour écrire ces deux pages, à peine ; j'ai dû rêver beaucoup... je ne sais plus. J'ai trouvé, en sortant, une lettre de ma mère et, en revenant, la tienne. Ma mère dit "Jane" et "NOTRE CHÈRE JANE". Elle t'a adoptée, purement et simplement, ce m'est une grande joie. Tu l'aimes bien, je suis heureux. Mais il faut parler des "à-côtés". Maman, me parlant de la cérémonie... du 1er décembre (c'est la date que tu as choisie ? marchons !) me dit que la plus élémentaire politesse m'impose d'inviter mon oncle-et-parrain Dumas et les parents auxquels je t'ai présentée. (...)
En lisant ta lettre, j'en trouve le programme, en même temps que l'ordre de me faire construire un smoking. J'obéirai, j'arriverai à Paris plein de bonne volonté, certain de ma récompense. Je serai sans doute parisien depuis la veille seulement, je tâcherai de passer une bonne nuit. Si je m'écoutais, j'irais te réveiller ce jeudi matin de très bonne heure. Mais non... il paraît que cela ne se passe pas ainsi. A dix heures j'arriverai rue Henri-Poincaré, un peu plus tôt, c'est vrai, puisqu'il faudra passer par la mairie. Et puis tout ira ensuite tout seul. Les gens nous laisseront bien nous embrasser de temps en temps, je pense. (...)
Non je ne me souviens pas, chère mademoiselle, que nos regards se soient rencontrés - au bord de l'eau, le 13 août 27 - de façon que tu aies constaté "que mes yeux étaient bleus et doux". Mais je t'en suis reconnaissant tout de même. C'est reporter bien loin en arrière l'espoir que j'avais d'un premier témoignage de sympathie. (Il faut lire deux fois cette phrase, au moins, pour la comprendre). Et maintenant, depuis je ne sais quand, je sais que tu m'aimes. Que me faut-il de plus ?
Un secret : je n'ai réellement été troublé qu'à mon second voyage à Paris. Au premier, j'étais simplement intéressé, un peu ému, très sympathiquement prévenu... A Lyon je t'ai revue ma fiancée, plus un doute ne subsistait sur notre commune destinée... C'est pour cela que mes proches m'ont sûrement jugé beaucoup trop familier et surtout "ne faisant pas assez de frais". Mais puis-je, moi, être rudimentaire et frustre (sic), témoigner de mon amour avec des gants et des façons sucrées ? Dieu garde !
Serez-vous en crêpe Georgette ? Pourquoi pas ? Je ne sais pas du tout ce que c'est que le crêpe Georgette, mais Herbert est bien gentil de te l'avoir si vite envoyé. Cette étoffe te plaît-elle et comment sera ta robe ? Fais-moi un croquis... Tu sais bien dessiner les pendus...
(...) Tout au long de ces fiançailles, tu auras été comme je te voulais. Je ne te dis pas comment : continue à être toi. Je connais ton âme, je l'aime. (...)
Je ne lis plus rien. Je travaille, j'écris à ma Jane, je mange et je dors. C'est assez. A demain, chère petite fille. J'ai mis tes violettes avec les pétales de roses de Labretêche et ceux d'oeillets de Nice. Je les presse sur mes lèvres et c'est toi que j'embrasse.
Henri"


(1) Le bouledogue... sert de poignée au parapluie de Jane.

dimanche 13 avril 2008

5 novembre 1927 : Jane raconte son voyage de retour

"Mon ami chéri,
Oui, je suis rentrée à l a maison, j'ai retrouvé mes chers parents, ma chambrette, mon divan, tes cartes postales, une toute récente surtout. Je l'attendais, elle m'a rendue heureuse.
Et à tout cela, à ce modeste appartement, à ma famille, mes amis, mon vieux Paris, il me faudra bientôt dire adieu ; j'y songe parfois comme à un évènement lointain, bien que je le sache tout proche, et ce songe laisse ta vieille chose toute rêveuse, vaguement mélancolique, oh ! très peu. Et je désire cependant de toutes mes forces le jour troublant et bienheureux où tu reviendras à Paris pour m'emmener avec toi, bien loin, dans la solitude.
Nous nous aimerons bien dans cet exil, n'est-ce pas, nous nous aimerons complètement, et ne nous ennuierons jamais. Je le crois, j'en suis sûre ; et j'espère que tu ne te lasseras jamais de la compagnie de ta petite fille. Tu la trouveras bien un peu enfant parfois, mais tu en feras une vraie femme, capable de te comprendre, voire même de causer politique (quelle horrible chose !)
Je pense bien souvent, moi aussi, à nos trois jours, à mes 5 journées passées à Lyon dans ta famille, dans la maison de Montchat, dans "la chambre d'Henri", chez ta chère mère et tes soeurs si gentilles que j'aime beaucoup. J'aurai toujours pour ta mère un profond respect. Je sais que tu l'aimes, que tu la vénères et qu'elle t'aime tant. Et je ne voudrais pas, pour rien au monde, qu'elle puisse ressentir la moindre peine à cause de moi. Je désire au contraire être très très gentille avec tous les tiens, parce qu'ils sont bons, parce qu'ils me plaisent beaucoup et parce que tu les aimes. (Je crois que j'ai un faible pour Marie-Louise ; j'avais tout d'abord préféré Marthe, mais n'en dites rien à personne). J'écris très mal, mais ça ne change pas.
Quelle bonne journée j'ai passé à Grenot, mon ami ! Imagine-toi un vieux château, un immense jardin, un peu en friche, une allée de vieux tilleuls, un petit bois tout autour, de grandes pièces, des planchers usés, des greniers immenses peuplés de gros rats (j'aime moins cela), un âtre où flambent de belle bûches et où l'on se chauffe devant une jolie braise rouge à côté du brave chien Perdreau. Le tout vieux, suranné, des meubles anciens, sans valeur, mais des hôtes si bons, si affectueux.
Ma visite chez ces cousins perdus au fond des bois fut un évènement imprévu, ou presque, dont il parut naître beaucoup de joie. Qu'est-ce que cette phrase ? Ne te moque pas, ce serait un sacrilège, car tout cela je l'écris avec un léger émoi que tu comprendrais si tu avais été avec moi, si tu avais vu de tes yeux comment ma chère Jo (1) m'aime et comme elle était heureuse. Mais oui. C'est de la fatuité, peut-être ?
Et à Grenot j'ai reçu un cadeau : 12 petites cuillers en vermeil, souvenir de famille. Et j'ai rapporté des roses de Noël. Elles durent et se sont ouvertes un peu : c'est très sympathique. (...)
Je relis ta lettre, mon ami, et je l'aime ; elle m'a remplie d'un émoi très doux ce matin, et a mis des pleurs dans mes yeux. Parlé-je bien ? Oui. En tout cas, c'est une réalité, j'ai été émue infiniment, je le suis encore, oh ! vaguement. Cependant, tous ces "tu", "ta", "t'", "toi" sont bien nombreux, et sans m'être antipathiques... ils m'effrayent.

J'ai voyagé confortablement de Châlons à Paris avec une moitié de banquette, voire même les 3/4 d'une, et trois messieurs, et un oreiller. Ils avaient le bonheur de pouvoir dormir et vieille chose remuait, songeait, ressassait. C'était fort pénible et irritant. Ce matin, par contre, je me suis éveillée à une heure indue et l'avais bien gagné.
J'ai réfléchi, en femme sérieuse, au cadeau fort aimable de tes cousins Mouterde. Maman, consultée, pense que des tasses à café seraient les bienvenues en accompagnant une cafetière et un sucrier en argent que maman me donne, les ayant en double. Penses-tu que nous puissions demander cela ? Ou si tu voyais autre chose... c'est une idée, voilà tout.
(Tous ces tu, j'en suis gênée). Il faut bien continuer, cependant. J'ai fait quelques points de notre fameux abat-jour hier soir et ce matin, j'espère bien avoir le temps de le terminer.
Encore une chose mystérieuse, mais qui m'enchante : Je n'ai jamais été autant gâtée, choyée, félicitée que depuis quelque temps. Et tout cela parce que je suis fiancée. C'est drôle. Lorsqu'on est triste, dans l'ennui, et plus digne d'intérêt, personne ne pense à vous témoigner autant de sympathie alors qu'au contraire on en aurait beaucoup plus besoin. C'est une remarque que je me faisais hier soir en revenant de chez ma grand-mère où quelques une de ses bonnes amies m'avaient fait fête.
Au revoir, mon petit Henri chéri, je pense à toi sans cesse et je t'aime. Je voudrais poser ma tête sur ton épaule et sentir tes lèvres sur mes cheveux, comme j'aime.
Jane"

(1) Jo : marraine de Jane (lien de parenté ?)

samedi 12 avril 2008

2 novembre 1927 : Et Henri est rentré à Nice

"Ma toute petite Jane,
Je ne veux pas aller dormir ce soir sans te dire que je t'aime. Je te dirai la même chose demain en écrivant réellement cette lettre, mais que je me répète d'avance ne peut te déplaire, et à moi cela me fait infiniment plaisir. Quel supplice, à midi, de t'écrire tous ces vous au dos de la carte postale que tu as déjà reçue, mais tu es sage de me l'avoir demandé et je me récompenserai en t'embrassant ici à toutes les lignes. Hélas, tu me manques. Sais-tu qu'après nos si sages caresses je suis cependant tout désorienté, tout perdu de ne pus t'avoir à mon bras et que je cherche ta tête sur mon épaule et tes cheveux contre ma joue ? Je voudrais ta main dans la mienne et des fourmis dans mon pauvre vieux bras gauche, maintenant tout désemparé. J'ai soif de toi, ma chère fiancée. Cela n'enlève pas que j'épouserai d'abord ta petite âme brave et confiante, mais laisse moi te dire que j'aime tes yeux, tes lèvres, ton cou et toute ta menue personne. Allons, je vais dormir. Je sais que tu m'aimes et que tu as confiance en moi, pour arriver sans heurts, sans désillusion, à notre parfaite union. Alors je t'embrasse avec tout mon coeur.

Jeudi midi. Ma chère Jane, voilà ce que j'ai écrit hier soir spontanément - et brutalement peut-être. Mais je ne déchire pas cette feuille et, si je continue sur un mode un peu plus calme, tu sauras néanmoins que c'est le même homme qui parle : à la fois désireux de t'aimer de toutes les façons et respectueux de ta candeur de fiancée.
Je ne pense qu'à toi. Je rêve, cela m'empêche même d'écrire, je reste des minutes la plume en l'air, et le temps passe, et je vais retourner à l'usine.
Où es-tu en ce moment ? Chez ta marraine, à Grenot. Demain matin tu seras à Paris, tu auras retrouvé ta petite chambre, ton divan et mes cartes postales. Tu chanteras, tu seras heureuse, tu organiseras tes dernières vacances...
J'espère, du moins, que tu es heureuse et gaie. Je le suis. Je ne suis pas triste du tout. Un peu désorienté, je te dis, de ne t'avoir plus à mon côté, mais si sûr que tu es dès maintenant ma femme et que ce n'est plus qu'une question de jours pour que je t'aie à moi tout à fait.
Je dois faire un effort pour continuer encore quelque temps va vie de vieux rat solitaire et me rattacher à ces vieilles habitudes que tu vas bousculer. Je suis distrait, mais je ris en dedans.
Ecris-moi vite. Dis moi si tu as conservé jusqu'au bout cette bonne impression de ma famille et si tu es heureuse de trouver une mère et des frères et soeurs dans les miens. Dis moi que tu les aimeras comme je les aime. Dis mois que tu m'aimeras aussi un peu à cause d'eux.
Et quand tu m'auras dit que tu es heureuse d'être venue à Lyon, dis moi encore que la solitude à deux, à Nice, ne t'effraye pas et que tu es sûre que je n'aimerai que toi, doucement, entièrement, toujours.

Je rentre, je trouve ta carte. Merci. J'aime les gens qui aiment les souvenirs : c'est le meilleur de la vie. Je me souviendrai aussi que nous avons écrit des cartes ensemble ce matin de Toussaint. Je me souviendrai de ton "Va t'en !..." quelques heures plus tôt, lorsque, le premier levé de toute la maisonnée...
C'est déjà un bon vieux souvenir pour l'homme, mais pas un souvenir mélancolique. Au contraire, tout plein de promesses, chère petite Jane, malgré ta colère, à laquelle je n 'ai jamis cru une minute. (Ce n'est pas de la fatuité, c'est de l'amour. JE T'AIME.) (...)
J'ai relu ta carte. Tu m'appelles "mon chéri", tu me tutoies, tu me donnes de sages conseils. Et cette carte, nous la choisîmes ensemble place de la Comédie. J'ai voulu à ce moment ton bras droit au lieu du gauche. Pourquoi ? Je ne sais pas. Ces trois jours ont passé trop vite, mais je les aime bien quand même. Je ne regrette rien, pas même l'attente des tramways sous ton parapluie. C'est même maintenant un excellent souvenir. Puisses-tu n'en trouver pas trop, à Paris, de la pluie. Ici il fait toujours beau et chaud. Je ne fais pas de feu, ces soirs, et tiens la fenêtre ouverte. (...)
Je te transmets les félicitations de la marchande de journaux à qui j'ai annoncé mon mariage pour "m'excuser" d'avoir oublié de prendre mon journal pendant trois jours...
Chère petite chose, si ma lettre arrive avant que tu voies Violette, fais lui mes amitiés pour elle et Paul et dis lui combien je la remercie de son chaperonnage passé - si large et si gentil - qui m'a permis de te connaître. Dis à tes parents que je leur suis reconnaissant de ce qu'ils comptent faire pour nous. Je comprends fort bien que c'est un sacrifice de leur part et une preuve qu'ils t'aiment bien. J'espère que l'avenir m'offrira la chance de leur montrer que je viens à eux avec des sentiments filiaux. (...)
Demain - puisque suivant ton conseil je vais aller me coucher, je t'écrirai encore. Peut-être pas plus longuement. Mais avec autant de tendresse, si ce n'est davantage. Si tu veux te contenter de ma solennelle déclaration que je suis jaloux et ne jamais rien faire volontairement pour exciter ma jalousie (je veux dire ne plus me parler d'imaginaires cavaliers dans le train ou ailleurs) je serai éternellement ton unique ami. Ne t'aimé-je pas Janette ? Je t'embrasse et t'embrasse encore.
Henri"

2 novembre 1927 : Jane est encore à Lyon

"Sur cette même table où nous avons écrit ensemble 24 h auparavant. Il manque quelqu'un. Je pense à toi, mon chéri. Nous sommes rentrées toutes tristes au logis hier soir. Et voilà le commencement de ces dernières vacances !
Ce matin, nous sommes allées à la messe de 7 h, puis au marché, et nous attendons Odette Dumas avec sa petite fille pour déjeuner. J'irai ensuite à la mairie, à Ste Foy et cours de Verdun avec Marie-Louise qui veut bien m'accompagner.
Tu as oublié un gilet gris, dans les poches duquel se trouvent 2 sympathiques crayons et une paire de ciseaux. Je pense emporter le tout à Paris pour que tu en prennes possession bientôt. Quel étourdi ! Puis-je me servir des crayons, voire même des ciseaux ? Ecris-moi, j'ai hâte de te savoir reposé, mais écris peu à la fois, couche-toi tôt, et dis-moi encore que tu m'aimes.
Ta petite Jane"

mardi 8 avril 2008

28 octobre 1927 : Dans le train

"Vendredi - 11 h 1/4
Dans le train, mon cher Henri, avec de nombreux cahots que vous comprenez et excusez.
Figurez-vous : un imprévu, une rencontre sur le quai de la gare de Lyon ce matin : Herbert ! (1) Il m'interpelle : Hello, Janette ! Vous jugez de mon étonnement. Nous sommes donc assis côte à côte, nous avons déjà beaucoup bavardé, en français, en anglais, et de vous.
Je suis heureuse, mon ami, ce voyage débute bien. Je ne m'ennuie pas, je suis déjà en pays de connaissance, et il fait un temps merveilleux. Nous venons de prendre une tasse de thé délicieuse, et irons tout à l'heure faire un somptueux festin en pensant à vous, en causant de vous. Herbert B. est un nice fellow ; il est delighted de m'avoir rencontrée, c'est réciproque.
A Lyon, il fera beau, je trouverai Thérèse et vos soeurs, à l'extérieur de la gare, sur le palier d'où partent les deux escaliers. Et je n'ai pas eu votre carte, je rage en pensant à mon concierge qui la possède, mais maman me la fera suivre et je l'aurai demain, avec une autre ? Yes, I hope so.
Je voudrais vous savoir bien portant, dispos, heureux. Herbert m'a rassurée comme je lui confiai mon inquiétude au sujet de votre fatigue. Il me dit ressentir lui aussi ces tourments aux changements de saison et dit que ça passe. Aussi chassé-je donc presque ma préoccupation et je pense déjà au nice time que nous allons avoir ensemble.
Je suis heureuse, mon ami chéri. Heureuse à la pensée de vous revoir, de me laisser embrasser tendrement par vous dimanche matin, heureuse en pensant à notre réunion pendant ces quelques jours. Il faudra que nous fassions une ample provision de souvenirs très doux, ineffaçables, afin qu'il nous tiennent compagnie dans notre prochaine solitude.
Cette lettre vous arrivera vite, je l'espère. Elle va filer sur Marseille par ce même train.
Avez-vous fait, ou commencé, votre valise, déjà ? N'oubliez rien, je me verrais obligée de vous prêter une partie de mon attirail : une brosse, par exemple, des pantoufles (elle ne vous iraient pas), un savon Gibbs (non, je n'oserais jamais). Je plaisante, mon ami, ne me grondez pas, soyez content de votre petite chose comme elle est joyeuse, heureuse, radieuse.
Elle vous aime avec tout son coeur, vous souhaite un bon voyage, beaucoup de sommeil, et vous embrasse, comme vous voulez.
Janette"


(1) Herbert Biass : mari de Thérèse ? lien de parenté ? (Je compte bien sur PH pour combler mes lacunes, en attendant la mise à jour dans un mois à Avignon)

28 octobre 1927 : Carte postale adressée à Jane... à Lyon

"Chère petite chose,
Ce matin vous avez pris le train pour Lyon. Il est deux heures. Vous allez arriver bientôt. Voilà à quoi je pense tout aujourd'hui. Je vous suis et ne trouve rien à vous dire, du moins rien qui se dise au dos d'une carte postale. Qu'allez-vous faire samedi ? Et puis je suis bien sot de vous poser cette question. Cette carte n'arrivera qu'après moi et vous ne la lirez que du bout des yeux, tellement la réalité sera plus belle que toutes les cartes du monde... Fatuité. Il en faut. Vous m'avez dit d'avoir confiance en vous : c'est donc que je suis pour vous un pôle, un astre, un as ou du moins que mon devoir est de le sembler afin de vous inspirer les sentiments qui commanderont votre confiance et, par contrecoup la mienne. C'est compliqué ? Mais ne vous frappez pas, vous aurez votre infusion de fleurs d'oranger et je vous aimerai bien. Adieu vos avant-dernières vacances. Si par hasard cette carte arrive avant moi, savourez votre reste. Embrassez ma mère pour moi et laissez-vous embrasser comme je veux, petite chose.
Henri"

jeudi 3 avril 2008

Ca ne nous rajeunit pas...

Extrait d'une lettre d'Henri à François du 5 octobre 1970 :
"Nous allons tous bien ici, la petite Hélène n'a pas fait le moindre complexe ; la petite Clotilde est entrée à son jardin d'enfants d'un pas très assuré, quant à Viviane elle lit deux ou trois bouquins par jour."
Comme quoi, certaines choses ne changent jamais...

20 octobre 1927 : Jane parle de son coeur

"Bonjour, mon petit ami
Comment vous portez-vous aujourd'hui ?
Moi, tout à fait bien, merci. Il fait bon, temps gris, qui nous réserve peut-être quelques prochaines averses sympathiques ; les radiateurs chauffent depuis ce matin au 22 de la rue Henri Poincaré : le prénom de cet homme me plaît, décidément. A vous aussi ? Dites non, par modestie.
Ma... notre tante Angèle a un petit faible aussi pour ce prénom-là, et je crois bien que j'en sais la cause, mais je ne vous le dirai pas, du moins pas encore. Je tiens à ce que vous respectiez au plus haut point cette chère vieille amie, et s'il y a dans sa vie un secret (que je suis tenue d'ignorer), eh bien moi, petite chose, je l'en aime davantage encore. C'est intrigant (guant ?), n'est-ce pas, cette histoire-là ? C'était en passant, sans le vouloir. Et puis, que vous importe ?
Continuez à manger, à respirer votre chère poussière et... à rêver aussi, je veux bien, tout comme avant.
N'est-ce pas que je suis gentille de vous écrire tous les jours ? Oh ! mais, cela ne durera pas. Hier, monsieur s'est contenté de m'envoyer quelques lignes (sur une carte très jolie, il est vrai) me parlant du temps, me reprochant presque de ne pas écrire lorsque je passe ma vie à ça. C'est décourageant. Et voilà la récompense d'un tel mérite et de si grands efforts. (...)
Avez-vous donc oublié que, dans une huitaine, je prends le train pour Lyon et vous y trouverai 2 jours après ? On n'oublie pas ces choses-là, n'est-ce pas ? Que de points d'interrogation dans les lettres de vieille chose ! Appelez-vous cela une manie ? Oh ! non, je vous en prie. Gardez ce mot affreux pour qualifier vos habitudes défectueuses.
J'irai aussi, tout à l'heure, rue St Lazare, afin de me renseigner sur l'heure de mon train et écrire bientôt (avec votre permission) à votre soeur. Maman a répondu ce matin à votre mère. Et dans cette lettre, maman regrette de ne pouvoir envoyer sa Benjamine à Montchat et s'en excuse, je crois...
Non, ce n'est pas vrai. Souriez à votre affreuse vieille chose contente, émue, heureuse, désireuse de ce prochain recontact avec l'Homme. (...)
Je veux bien aller à Villefranche sur Mer en premier, avec vous, mon petit Henri. Je pense souvent à ces balades sous votre beau soleil, je m'imagine allant avec vous longtemps, sans fatigue, la main dans la main ; je serai si heureuse ! Et vous m'aimerez bien. Et lorsque nous serons fatigués, nous nous assoirons au bord des chemins, sur les dures pierres, sans souci, et nous contemplerons la mer, les cieux, les oiseaux et les fleurs, et les rochers aussi. Car il y a de beaux rochers rouges dans votre pays, n'est-ce pas ?
Dieu garde ! Dieu vengeur ! (dirait mon oncle Jean). Il est 2 h moins le 1/4. Comme le temps passe ! Vite, mon chapeau, mes gants, ma poudre, mon rouge, un bel oeillet de Nice. Je vais être en retard. Ce sera votre faute. A tout à l'heure. Embrassez-moi, si vous voulez, mais très vite.
5 h 1/2. (...) Je viens de rentrer, et c'est bien fatigant ce Paris. D'abord, ces instruments dentaires qui vous abrutissent, et puis ces rues à traverser, ces carrefours terribles où il faut s'armer de patience lorsqu'on voudrait courir, voler, ne frôler personne et n'obéir à rien.
Et il y a ces magasins étouffants et encombrés où j'ai dû aller ; on a toujours une bricole à se procurer, vous savez bien : laine à tricoter pour maman, étoffe pour terminer le trousseau de l'enfant, un peigne à cheveux pour allez à Lyon (le mien étant trop lamentable). (...)
Mon ami, si j'étais près de vous en ce moment, ce serait un grand bonheur. Je vous dirais toute la tendresse dont mon coeur est rempli pour vous. Je vous dirais que vous avez tout mon coeur, qu'il est avide d'affection parce qu'il en a été longtemps... toujours privé, qu'il a souffert beaucoup de sa solitude et de la rigueur de l'existence. Je ne l'ai jamais donné tout-à-fait, non ; je n'ai jamais vraiment aimé. Une fois pourtant, il y a presque 2 ans déjà, je l'avais bien un peu donné, mais aussitôt repris, et non sans souffrir. J'ai vite oublié cette sotte histoire, je suis partie loin, mais là-bas, loin des miens, seule chez des étrangers plus ou moins sympathiques, petite chose, malgré tout son grand courage, a pleuré bien des fois en cachette. Et quelle joie ça a été, ce retour ! Et après, un mois après, cet évènement inespéré, et maintenant, ce grand bonheur, mon amis, c'est une récompense peut-être, j'en avais tant besoin !
Et votre petite chose sera près de vous bientôt, dans dix jours, elle vous dira tout cela encore si vous voulez ; elle vous dira qu'elle vous aime avec toute son âme, et que bientôt elle sera à vous, à vous seul.
Vous l'aimerez bien, n'est-ce pas, afin qu'elle soit sûre, enfin, que le bonheur n'est pas un mirage et qu'il peut en exister de vrais en ce monde. (...)
Je m'arrête tout à fait cette fois. Je ne sais plus du tout ce que je gribouille. Maman est rentrée, et j'ai le souper à surveiller, et j'irai à la poste aussi. Au revoir, mon cher Henri, je pense à vous sans cesse et je veux que vous m'aimiez comme je vous aime, avec confiance et de toute mon âme.
Jane"


Je saute les jours, je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais j'ai envie d'y être, à Lyon ce 1er novembre, et qu'on sache comment ça s'est passé avec les autres femmes de la vie d'Henri. (Bon, moi je le sais, mais je fais comme si).

mardi 1 avril 2008

11 octobre 1927 : Ca fait rire Henri...



10 octobre 1927 : Jane est effrayée

"Mon cher Henri,
Vous savez, autrefois, c'est-à-dire il y a très très longtemps, lorsque j'étais une enfant, je ne manquais jamais de jeter les yeux sur les dernières pages d'un bouquin avant d'en commencer la lecture. Ainsi agissé-je avec vos lettres. Et ce matin, (désastre !) ce... "je t'embrasse" m'a considérablement choquée. Vraiment, je n'avais pas songé, moi, que nous puissions nous tutoyer avant "notre mariage", je veux dire après quelques jours, mettons, ou plus, je ne sais pas. Et à Lyon, dites-vous ? Mais vous êtes effrayant d'audace.
J'avoue, en définitive, que le "bonjour mademoiselle" de la gare de Lyon me déplaisait moins.
Enfin bref. J'ai été, moi, en froid avec vous depuis deux jours. Monsieur n'écrivait pas, c'était vexant, irritant (je n'ai pas dit attristant). D'ailleurs il fait si beau, beaucoup plus beau qu'à Nice même. Quant aux engelures de vieilles chose, elles vont mal, ou assez. Mais tant pis, l'essentiel est que vous vouliez bien m'aimer quand même et toujours, mon cher Henri, avec ou sans engelures. Maintenant je ne gronde plus, l'orage est passé. Et je veux bien continuer à vous témoigner ma sympathie. En voulez-vous ?
Figurez-vous que je suis riche ! Je possède tout un service de vaisselle, des couverts d'argent, des couteaux à manche d'ivoire (riez-vous ? moi oui) et puis pas mal de linge de maison, des draps superbes marqués D J etc.... pas mal de bibelots, des couvertures, un beau couvre-pieds etc... etc... Etes-vous content ? Ce n'est pas encore à vous tout cela, vous savez, c'est à vieille chose.
Nous avions fait autrefois un héritage de cousine sympathique, alors j'ai récolté un peu, c'est toujours ça.
Ne vous faites pas de mauvais sang au sujet de votre installation. Ce sera très bien, trop bien, pour commencer surtout. Et ensuite on aura bien le temps d'y penser. D'ailleurs, mes parents y pourvoiront. S'il n'ont pu causer encore de cela avec vous, c'est que le temps ne le leur a pas permis, et aussi qu'ils l'avaient tout à fait oublié. Mais on en causera en temps voulu.
Oui, mon ami, j'ai songé moi aussi à ce "revoir" dont vous me parlez. Sans doute arriverez-vous chez votre mère "very early" (Ne bêchez pas mon Anglais, jamais, vous n'êtes jamais allé en Angleterre). Alors si c'est par le train qui arrive à Perrache vers 6 h, celui que prenait mon oncle quand il venait à St Just, sans doute votre Parisienne sommeillera-t-elle encore profondément. Et elle n'aura nulle envie de s'éveiller de ses rêves pour faire face à la réalité décevante. Car si c'est encore un abord du même genre que le dernier , merci ! Moi je veux bien vous adresser un sourire en cette circonstance, si j'ai suffisamment dormi pour être de bonne humeur.
J'avais pensé, tout d'abord, quitter Paris le 29 au matin. Et puis, maintenant, je ne sais plus. C'est très embarrassant et délicat, mon cher ami, mettez-vous à ma place. Je suis certaine de la bonté de votre mère, mais je ne peux pourtant pas... m'inviter.
Les fleurs d'oranger seront les bienvenues ici. Mais comment les avez-vous expédiées, à propos ? Peut-être en petite vitesse, dans une malle ? Ne vous fâchez pas, ne vous repliez pas en boule, je vous ai promis de ne plus vous taquiner, et je tiens toujours mes promesses.
Je lis "Eugénie Grandet" et ça me plaît.
Non, monsieur, je ne suis pas enrhumée. (J'espère que vous m'aurez choisi un papier à lettres convenable).
Plus de place. J'écris peu, aujourd'hui, attendant une longue réponse à ma lettre. Et puis je dois sortir pour retrouver mon amie Ginette au Louvre. On bavardera et se promènera un peu.
Encore une petite place pour vous embrasse gentiment, monsieur mon gentil ami.
Votre petite Jane.
Après être partie dans la direction du Louvre, je remonte mes 3 étages vivement avec votre paquet et votre carte. Et nous vous remercions, mon cher Henri ! Pardonnez-moi mes taquineries. J'aime votre carte et vous par dessus tout. (Quelle lettre !)"