samedi 25 octobre 2008

10 septembre 1932 : De retour au "Nid"

"Chères marraines,
Nous attendions impatiemment des nouvelles et avons été heureux de savoir que tout va bien à Lamastre, et que Suzie a repris un peu d'appétit. De cette façon, cette prolongation lui fera grand bien, tandis qu'ici, elle aurait encore un peu chaud dans le milieu de la journée.
Cependant, c'est très supportable. Il a fait un bon orage, la semaine dernière, qui a rafraîchi un peu. Les matinées et les soirées sont délicieuses au jardin, et Janot a une mine superbe. Il a fait déjà 2 ou 3 pas tout seul et se tient des petits moments debout. Il est très sage, reste souvent dans son parc ou bien se promène au jardin, en s'accrochant au grillage de la volière qui tient toute l'allée. Et il fait aussi le tour de la balustrade qui nous sépare de la petite maison des B...
Je l'ai emmené à la mer jeudi et mardi derniers. Il a pris de bons bains de soleil, dans le petit maillot de Suzie qui lui va, et aussi on a fait trempette, mais il n'est pas encore familiarisé avec l'eau de mer. Ca viendra petit à petit.
Henri va bien. Aujourd'hui samedi, il a l'intention de commencer son meuble de T. S. F.
Dimanche dernier, nous sommes restés au nid bien tranquillement. Henri a allongé la volière de nos poules, pour pouvoir y loger nos 5 poulets blancs. (Mes 4 poules finissent enfin de vouloir couver, et l'une d'elles recommence à pondre. En attendant que les autres s'y mettent, Galatchef me vend des œufs. C'est une bonne ressource, et pour cet hiver surtout).
Nous n'avons donc pas vu les Gabriel dimanche ; j'étais allée voir Odette le samedi, et elle déplorait de ne pouvoir nous caser tous dans l'auto à cause de leurs amis. Mr Desbourdes arrive aujourd'hui pour 2 ou 3 semaines. Nous les laisserons ensemble et profiterons plus tard des ballades. Ils sont venus nous surprendre mardi soir avec Mme Desbourdes et sa fille.
Je pense qu'André viendra demain. Dimanche dernier, il nous a écrit qu'il avait des tas de choses à faire : plantations, visites...
M. Battanchon a en ce moment une pensionnaire, jeune femme charmante qui attend un bébé pour le mois de novembre. Nous passons de bons moments ensemble au jardin, et elle aime beaucoup Jean-Jean.
Bonne nouvelles de Paris. Renée doit avoir beau temps à la mer. Elle y est encore pour 8 jours environ.
Comment vont nos sœurs ? Nous pensons bien à vous, chères marraines, et nous espérons que Marie-Louise trouvera à s'occuper à Lyon au retour. Qu'elle sorte le plus possible, Marthe aussi, voyez du monde, retournez à "l'aide aux mères", que sais-je ? Il ne faut pas rester fermées avec l'ennui. Les santés s'en ressentiraient trop.
Pardonnez-moi de vous conseiller ainsi, mais croyez à notre affection. Avez-vous de bonnes nouvelles des François ?
Au revoir, chères marraines. Bons baisers à notre fille et à vous trois du trio.
Jane Henri"

Août 1932 : Vacances en Ardèche



mercredi 22 octobre 2008

22 juillet 1932 : Jane est bien arrivée

"Mon cher marron,
I am all right, le poulet aussi.
Le voyage s'est très bien passé, pas mal de monde tout le long, mais le petit était très bien dans le hamac. Dis à Odette que j'en ai été très contente, ainsi que du thermos. Il a peu dormi, étant souvent réveillé par les secousses, aux arrêts ; mais tout le reste du temps, il est resté sagement couché en gazouillant ; les voyageurs étaient émerveillés.
J'ai eu l'autobus très bien (15 F) et Marthe m'attendait à Lamastre avec une auto... et Suzie. Elle est gentille, la gosse, et m'a beaucoup demandé où était Papa, et pourquoi il était resté à Nice. Elle a un petit cahier fort bien tenu et aime bien écrire et dessiner.
Les marraines ne vont pas mal. Marie-Louise, c'est toujours peu brillant.
Germaine a écrit que Monique a été malade pour avoir avalé un brin d'avoine qui s'était piqué dans les amygdales. Elle a craché du sang et suffoquait. Il a fallu l'emmener immédiatement chez un spécialiste qui a pu retirer la chose. Tu penses si ils ont été affolés !... Germaine pense arriver le 30.
Je vais aller au village pour me renseigner sur le meilleur moyen pour aller à Paris. Il y a 3 moyens :
- Lamastre - Tournon - Lyon
- Lamastre - Tain
ou - Lamastre - Valence (autobus)
Je prévois que ce voyage sera long.
Nous sommes très bien ici. La maison est grande et bien meublée, le pays joli, mais il fait frais, le temps a été pluvieux tous ces temps-ci. Aujourd'hui il ne fait pas mauvais. J'espère qu'on fera de belles balades, les endroits abondent.
Nous pensons bien à toi, à André, et nous vous souhaitons de passer un bon week-end. Amitiés aux Gabriel. Nous t'embrassons bien tendrement toutes les 5, ainsi qu'André.
Baisers de ton Fenon.
Soigne-toi bien. As-tu mal aux reins ?"

15 juillet 1932 : Les mondanités de Jane



"Ma chère maman,
Votre bonne lettre nous a fait un grand plaisir, et nous avons été heureux de voir comme Suzie écrit bien. Vous avez dû beaucoup peiner pour arriver à ce résultat, et nous vous remercions beaucoup, pour son âge, c'est très joli.
J'ai l'intention de partir mercredi matin, à 7 h 20, puisque de cette façon je n'aurai pas à attendre l'autobus. J'emporterai à Jean-Jean 2 bouillies de phosphatine dans le thermos que m'a prêté Odette, et je tâcherai de le faire dormir dans le hamac tout neuf qui avait été acheté pour Jacky, et qu'elle n'a jamais aimé.
J'emporterai la petite voiture avec le parc, aussi une toile cirée et des farines qui me restent et qui s'abîmeraient ici, avec la chaleur.
Nous allons bien tous les trois. Jean-Jean (le "chaton" comme dit Henri) est bien mignon. Il apprend à montrer ses cheveux, ses yeux et son petit nez, en se trompant très drôlement. Il essaye de dire beaucoup de choses, par exemple "eh ! mais, oui" souvent à propos. Il nous tarde de voir Suzie avec lui. Je m'attends encore à ne plus reconnaître ma fille, comme il y a un an...
Nous venons donc d'être plus mondains que jamais. Dimanche dernier, il est venu les Joseph (1) avec les Gabriel ; puis lundi, comme Joseph avait été acquitté (2), il nous a offert un bon déjeuner au restaurant, avec les Dumas. Ensuite, mardi, les Vincent sont venus un instant, et nous les avions à déjeuner mercredi. Nous formions une bande très en train, grâce à leur simplicité amicale.
Jeudi, hier, pic-nic (sic) charmant chez André, bonne partie de baignade et de ballon à Juan-les-Pins, et souper encore chez André : nous sommes rentrés à 10 heures, juste pour assister au feu d'artifice promenade des Anglais.
Le temps était superbe, le ciel lavé par les grosses pluies de samedi de mercredi. Ce matin, il a plu encore, très peu, et en ce moment le ciel est d'un bleu sans tache. J'ai fait un peu de lessive tous ces jours-ci. (3) Heureusement qu'on a un lavoir, car depuis quelque temps, l'eau manque souvent sur l'évier, et ça complique bien mon travail. Il faut aller en chercher tous les jours de la propre, et Jean-Jean est un peu privé de bains.
Dimanche, les Gabriel viendront encore nous chercher l'après-midi, pour aller à la mer. C'est donc ma dernière lettre, chères marraines. Je suis heureuse à la pensée de vous revoir bientôt toutes les quatre, et vous embrasse, pour nous trois, bien tendrement.
Bonnes nouvelles de Paris, c'est le plein moment de l'installation.
PS : Jean-Jean prend environ 1 litre de lait par jour. Il mange bien la semoule au bouillon de légumes."


(1) Mouterde
(2) Suite à l'accident au cours duquel il avait renversé le cycliste Minelli
(3) Admirez l'association d'idées...

mardi 14 octobre 2008

6 juillet 1932 : Les marraines sont en villégiature

"Ma chère Jane,
Nous sommes heureuses de savoir que vous vous sentez plus forte et qu'Henri de son côté se trouve mieux aussi. Il fait bien de prendre cette précaution de coucher quelque temps sur la dure et en été cela se supporte mieux aussi.
Suzie va bien et profite beaucoup du plein air car depuis dix ou onze jours que nous sommes ici, il a fait généralement beau, même un peu chaud, sans excès. Il y a souvent du vent mais on peut se mettre à l'abri. Il y a un grand parc boisé et à travers les arbres on voit le village de Lamastre à ses pieds. Nous en sommes à un quart d'heure environ.
Plus près il y a le village de Mâcheville avec église, boulangerie, épicerie. Je suis allée à la messe ces deux dimanches. J'ai mis 10 minutes à descendre en allant très doucement, et pour revenir on prend son temps, mais ce sera bien je pense ma seule promenade avec celle du parc, car le pays est très accidenté et il faut toujours monter ou descendre.
Suzie fait quelques petites promenades avec Tante Marthe, M-Louise ayant eu quelques fatigues et ne se sentant pas encore des jambes très solides pour arpenter les collines.
Suzie est pleine d'entrain et raconte toujours beaucoup de choses, jouant à la dame avec délices. Son langage est très riche et elle emploie chaque jour des expressions nouvelles. Elle me rappelle Dani qui causait si bien tout petit.
Elle dort bien, mange bien, mais traîne encore souvent parce qu'on veut qu'elle mange seule. Elle a pris un nouveau vermifuge ces jours-ci, et aujourd'hui nous la purgeons. J'espère que ce sera d'un bon effet, mais que c'est long à faire disparaître ces choses-là, c'est bien ennuyeux quoique cela ne semble nullement gêner Suzie. La géramine vous a-t-elle bien réussi ? Ce que nous avons donné à Suzie est très facile à prendre et elle ne s'en est pas douté du tout. Elle siffle comme un petit merle en ce moment.
Il y a chez les fermiers un enfant de 5 ans. Tous deux se recherchaient au début, mais comme son langage était émaillé de vilains mots, nous avons coupé court aux rapprochements et cela s'est fait bien aisément, d'autant mieux que ce n'est pas l'enfant des fermiers mais un petit pensionnaire.
Nos propriétaires sont charmants et la demoiselle imagine ce qu'elle peut pour amuser Suzie en lui prêtant lit de poupée, petite table, etc. mais ils ne sont pas gênants.
Nous appartement au 1er est bien indépendant et la cuisine se trouve en bas près de l'escalier, il y a l'eau sur l'évier et le fourneau marche bien mais la cuisine est petite et pour baigner les enfants il est préférable de monter l'eau dans les chambres. Pour l'eau à boire on va la chercher chez un vieux curé en retraite qui est voisin et qui a bune bonne source, et pour les autres provisions il y a le fermier chez qui l'on trouve pas mal de choses. Il y a un marché le mardi mais c'est dur de remonter la pente quand on est chargé et l'on y prend le moins possible.
Nous avons bien pensé à vous dimanche et c'est plus gai de faire quelques plans de la journée avec les Dumas et leur auto qui facilitera bien des choses. J'espère qu'André est venu vous rejoindre et que vous pourrez nous en donner des nouvelles car nous n'en avons guère ; il doit être submergé par tous ses projets et travaux.
Et notre petit Jean essaie-t-il timidement de mettre les pieds l'un devant l'autre pour marcher, ou bien attend-il d'être à l'air plus vif pour prendre des forces ? Qu'il doit être drôle et qu'il nous tarde d'être bons amis de plus près !
C'est dommage qu'Odette et Gabriel soient un peu loin et qu'Henri pouvant prendre ses repas chez eux puisse rester seul un peu plus tôt, mais peut-être pourrez-vous allonger les vacances en repartant avec Odette par exemple si elle vient en temps opportun.
Enfin vous ferez pour le mieux et nous serons bien contentes de vous avoir le plus possible tous.
Mille tendresses de nous toutes et particulièrement de votre chérie qui vous embrasse bien fort.
Maman

François est à Caudry (Nord), 10ème brigade topographique, depuis le 1er juillet, pour un mois. Germaine a encore huit jours à passer à Bagnols pius rejoindra sa fille à Nîmes en attendant de venir ici."

J'ai enfin trouvé comment faire les liens hypertexte ! Je vais peut-être en rajouter ici et là...

samedi 11 octobre 2008

13 octobre 2008 : La petite Suzie a bien grandi...





Bon
anniversaire !

8 juin 1932 : Des plans pour la visite à Paris

"Ma chère Jane,
J'espérais un peu de tes nouvelles car il me semblait que c'était à mon tour d'en recevoir, mais comme j'en ai eu hier par maman, je ne peux m'empêcher de te dire que ta décision nous fait plaisir, et que je te félicite de l'avoir prise.
C'est surtout à cause de papa que je désirais que tu viennes, puisqu'il faut qu'il pense à sa santé, et que les longs voyages lui seraient néfastes, étant donné ses courtes vacances (je crois même qu'il n'en aura pas cette année puisqu'il vient de s'absenter plus d'un mois, maladie et convalescence). Tu sais comme papa est délicat : il ne voulait pas te demander de venir, pour ne pas te séparer d'Henri... c'est moi qui leur ai suggéré l'idée de te faire venir de cette façon, et je suis sûre qu'il doit s'en faire une joie, comme maman.
Ce petit séjour à Gazeran leur a fait beaucoup de bien, à papa surtout qui avait tellement maigri et vieilli pendant cette fatigue ; il se sent fort et a repris ses occupations lundi.
Maintenant causons de votre visite : j'ai fait mes plans pour vous coucher tous, puisque Nany a une chambre de grande personne, tu y seras à l'aise avec Henri quand il viendra te chercher, et les enfants seront très bien aussi. On tâchera de ne pas faire trop de visites, car c'est la barbe, et on conduira les enfants au bois le matin et l'après-midi ; on tâchera aussi de faire q.q. bonnes ballades en auto : tu sais qu'avec Jean, on ne s'ennuie jamais...
Hier, Odette Dumas nous a fait ses adieux ; c'est dommage qu'elle quitte Paris, elle était tout à fait gentille, mais elle se réjouit de se rapprocher de vous et d'habiter Nice... veinards !
Nous nous unissons tous les cinq pour vous embrasser bien affectueusement tous 3 ; les enfants sont ravis de voir Suzy !
Ta soeur qui t'aime beaucoup.
Renée"

mercredi 1 octobre 2008

30 mai 1932 : Des bricolles, des bagnolles, et des vers...

"Chère marraines,
Merci à Marthe et à maman pour les deux gentilles lettres. On est heureux d'avoir souvent des nouvelles de vous toutes, et de connaître les faits et gestes de Suzie. Nous espérons qu'elle continue à être à peu près sage. André nous a parlé hier de ses progrès en couture.
Nous voyons qu'elle est à bonne école, mais peut-être usera-t-elle souvent la patience de ses tantes, si dévouées qu'elles soient.
Nous allons bien, André aussi. Nous avons passé un bon moment chez lui hier de 11 h 1/2 à 7 heures. Le temps était superbe, mais c'est dommage que la voiture ne soit pas "véhiculable", parce qu'il y a une bonne trotte de la gare à St Jean, e
t pour le retour, surtout, avec notre chargement de petits pois, de fleurs et autres bricolles (sic), la voiture, mes souliers étroits, c'était presque douloureux. André viendra nous voir dans une dizaine de jours, un soir, et il couchera à la maison. La bagnolle (sic) est loin d'être terminée. André prétend qu'elle le sera avant le poste d'Henri, moi j'ai parié le contraire (ça n'engage à rien, d'ailleurs...).
Aujourd'hui, je suis en lessive. C'est à dire que je surveille ma main d'oeuvre, c'est moins fatigant. Et quel plaisir que de voir ses draps,
ses chemises (pardon !), chaussettes et tout le reste, étendu sous notre bon soleil !
Cependant, il faut avouer que samedi dernier il a plu abondamment. Encore ne doit-on pas se plaindre, car ici on est bien privilégié quant au temps.
J'ai reçu de meilleures nouvelles de Paris. Maman attendait, pour nous écrire, de connaître le résultat de la radio et des analyses. Il y a de longues traînées au poumon, mais absence totale de bacilles, ce qui est rassurant pour toutes sortes de raisons. Le docteur a permis à papa de reprendre son travail, avec des précautions, naturellement, mais lui conseille de changer d'air de suite. Il ne tousse plus et reprend des joues, mais pas de poids. (Il a maigri de 10 kg, pèse seulement 45 kg 500). Maman me dit qu'ils pensaient partir à Gazeran vendredi dernier, ayant bien besoin de se remplumer tous les deux avant de déménager, ce qu'il espèrent faire autour du 16 ou 18 juillet. Ils renoncent donc à nous rejoindre au mois d'août, et maman insiste pour que j'aille à Paris avec Suzie, passer la dernière semaine de juillet, si vous voulez bien me garder Jean pendant ce temps. C'est là le point ennuyeux, car ce personnage est un sauvageon. Mais j'espère qu'il s'habituera. Je resterais, par exemple, 3 ou 4 jours à Lamastre avant de partir à Paris. Il a surtout peur des messieurs. Mais avec les dames, il s'apprivoise vite. Si sa marraine voulait bien s'en occuper, elle l'accaparerait dès le premier jour, déployant tout son savoir, et aidée par son amour, elle arriverait à le faire manger à peu près et à le faire rire. Et puis il y aura Monique ; Jean s'intéresse bien aux tout petits. Ils seront drôles ensemble. J'emporterai le parc et Germaine pourra en profiter, puisque sa fille a l'air d'être précoce. Tandis que le mien ne s'en fait pas. Cependant, il fait le tour du parc en se tenant aux barreaux. Hier il a mis ses premiers souliers en toile blanche, et il a étrenné le joli burnous d'Alberte. A propos, cette chère cousine (1) viendra-t-elle en France cet été ?
Et les cerises de Montchat, sont-elles mûres ? Suzie va en faire une cure salutaire, je suppose qu'elle les aimera. Nous avons goûté les premières, c'était fameux. Et hier, Henri a cueilli des fraises dans son jardin, pour le dessert.
Le traitement à l'ail donne-t-il des résultats ? En tous cas, ça ne coûte rien d'essayer : tous ces vermifuges ne font pas grand chose et coûtent cher. Il y a aussi les lavements à l'eau savonneuse ou bien salée, conseillés par un docteur que j'avais consulté l'année dernière pour moi. Mais la gosse fait une vie si terrible quand on veut lui donner un lavement, que c'est décourageant. Ma "laveuse", qui a eu plusieurs enfants, avait essayé avec succès, sur le conseil d'un docteur, d'asseoir ses enfants sur un pot contenant de l'eau chaude, pas trop, de façon à ce que le "postérieur" ne change pas l'eau. Peut-être ce remède aurait-il plus de succès auprès de Suzie que les lavements ?...
En tous cas, je vous donne bien des corvées, mes pauvres tantes. Excusez-moi. Henri a dit que Marthe est bien bonne de nous remercier pour vous avoir envoyé la petite, parce qu'elle nous débarrasse plutôt.
S'il est vrai que vous avez promis à André de vous charger de l'achat et de l'envoi des espadrilles, voici nos pointures : Henri 42, André 40, moi 38. A l'occasion, si vous faites cet envoi, voudriez -vous m'envoyer les capsules de Géramine ? Je les prendrai peut-être, ayant eu à nouveau des vers la semaine dernière. Excusez ce manque de poésie. Et je termine, chères toutes, en vous embrassant bien tendrement toutes les 4 pour nous 3. Jean tend sa main très bien. Il dit "coco" pour cocotte, et bo pour beau. C'est un progrès."

(1) Alberte Dumas, épouse Giroud. Elle vit en Tunisie.