lundi 19 avril 2010

22 juillet 1937 : Ca se précise


"Mon cher homme,
J'ai été bien contente de recevoir ta lettre hier matin, avec des détails sur ta belle vie. Je vois que ta journée de dimanche s'est bien passée avec ce vieux frère, et qu'il a pu heureusement flemmarder avec toi l'après-midi. Maintenant, je te vois comptant les jours qui te séparent de ta randonnée à Digne, et je souhaite que tu ne sois pas déçu en visitant cette ville dont nous avons tant parlé.
Tu me diras tes impressions. Et ensuite tu n'auras plus que 5 jours à tirer avant de prendre le grand train. Ne te trompe pas, surtout. Celui pour Paris part 10 minutes après celui de Genève. J'ai entendu dire que ce train pour G. était nouveau, donc sans doute pas porté sur l'horaire. Toi qui dors si facilement, tu serais dans le cas de te réveiller à Grenoble ou plus loin, et l'on attendrait tout un jour le pauvre Henri !...
A part cela, mon brave homme, tout va bien ici. Il fait beau, tantôt chaud, tantôt frais. On fait toujours la petite promenade entre 5 et 7 heures. La nourriture est agréable, j'ai déjà meilleur appétit qu'à Nice. Quant aux enfants, il s'en payent de jouer ensemble. Suzie est plus gentille que l'année dernière, elle fait plus grande fille, mais Jean est déchaîné, il n'y a plus moyen de le faire obéir, et il faut toujours que je me fâche. Les leçons de lecture et d'écriture sont peu brillantes. Je m'en vais le reprendre pour la lecture, parce que ta mère n'est pas assez ferme. Elle me dit qu'il n'a pas fait de progrès depuis l'année dernière, moi je suis sure qu'il en a fait pas mal, parce que quand il s'applique, il lit pas mal de mots tout seul. (...)
Oui, je pense à toi, et je serai heureuse de retrouver ta silhouette sympathique ; je pense que tout se passera au mieux pendant ton congé, et que nous aurons du bon temps à Paris. (...)
Au revoir, mon cher marron. Je t'aime toujours et je t'embrasse bien fort plusieurs fois. Gros baisers de chacun ici pour toi.
Fenon"

mardi 6 avril 2010

18 juillet 1937 : Jane est bien arrivée


"Mon cher homme,
Nous voici installés dans ce cher Grandris, où il ne manque que ta sympathique personne. Notre voyage a été assez pénible : d'abord, nous étions montés dans le train de Genève - Marseillle - Grenoble. Heureusement j'ai eu l'idée de me renseigner à Nice-ville, on m'a dit que la voiture pour Paris était à la queue du train, j'ai refait tout le train pour changer de voiture, et là, trouvant un contrôleur, il m'a dit qu'il faudrait changer à Marseille, ou mieux au prochain arrêt. Le train ayant déjà quitté Nice, nous avons donc attendu le train suivant à Cagnes, 5 ou 10 minutes seulement. Jusqu'à Marseille, personne, mais ensuite nous avons été envahis par des militaires et 2 jeunes Anglaises, j'ai dû réveiller et asseoir Jean qui pleurait.
Et nous sommes arrivés à Perrache à 8 h, après avoir lanterné partout. J'ai eu juste le temps d'aller en vitesse aux lavabos et au buffet. A la gare de Grandris j'ai trouvé la famille sur le quai. Tout le monde allait bien. Suzie a bien grandi. Ils ont bien fait les fous, tous les deux, surtout de 5 à 7 h, en promenade. Il fait frais mais assez beau. (...)
A part ça, rien de nouveau à te signaler, sinon qu'on pense bien à toi et que je te suis dans tes allées et venues garçonnières, si l'on peut dire, parce qu'avec tes cheveux blancs !...
Je suppose qu'en ce moment tu es avec André. Je te souhaite de passer quelques bonnes heures, et de ne pas trop travailler les jours suivants pour ne pas te fatiguer. Ecris-moi un peu, peu à la fois mais souvent, et couche-toi tôt, sans faire de problème, tu as bien assez de faire ta cuisine et ta vaisselle.
Je pense que cet après-midi on pourra se promener. Marie-Louise, M et S ont fait une jolie promenade le 14, avec la petite-fille de votre amie de Montchat, elles sont montées jusqu'à 700 m, et ont cueilli des airelles.
Au revoir, soigne-toi bien. Nous t'embrassons bien fort.
Ta vieille femme"

22 juin 1937 : Bientôt les vacances


"Grandris, le 22 juin


Mon cher Jean,
Je te souhaite une bonne fête. Je voudrais savoir qui est-ce qui est le parrain et la marraine de la petite Maryse (1). Je t'ai planté des haricots. Je voudrais savoir quel jour maman arrivera. Je t'envoie un gros paquet de mimis.
Je t'embrasse
Suzie
Tu embrasseras papa pour moi"


(1) la voisine de Jane et Henri a accouché peu de temps auparavant