vendredi 16 juillet 2010

27 février 1938 : Anna est soulagée

"Ma chère petite Jane, Tu dois penser si ta bonne et longue lettre a été lue et relue, et si elle a été accueillie avec joie et soulagement ! Nous voilà tranquilles sur votre compte, et malgré la précipitation de ce départ et toutes les péripéties qui l'ont accompagné, tout s'est passé pour le mieux et Henri a pu trouver de suite un appartement convenable et bien exposé, ce qui est précieux pour vous, et à proximité du centre et des approvisionnements. Nous voyons avec grand plaisir aussi que tu as eu une bonne impression sur cette petite ville qui nous paraît fort plaisante d'après les cartes postales, et où les promenades agréables doivent abonder. En tout cas, l'air doit être vivifiant en effet, et sera cent fois préférable à celui de Nice, pour toi surtout mon Janot, aussi bien pour tes poumons que pour tes rhumatismes, pour Henri également et les enfants.  

Nous sommes bien contents qu'Henri soit satisfait de son nouveau poste et qu'il n'ait pas un travail pénible, cette heure de plus à se reposer le matin avec le retour à 5 heures le soir, on ne peut désirer mieux. Et nous sommes convaincus qu'il sera très apprécié de ses chefs, comme il l'était à l'usine d'ailleurs où on doit certainement le regretter. Il a dû être très touché de ce souvenir offert le jour du départ (1).  

Nous espérons que tu seras satisfaite de ta nouvelle femme de ménage, et que tu auras terminé toute ton installation avec les petits détails sans trop de fatigue. Le bout de jardin est précieux pour Jean, en attendant la fin de l'épidémie de rougeole et scarlatine. Il vaut mieux exagérer les précautions et ne l'envoyer à l'école qu'après Pâques, ces maladies sont si longues et si ennuyeuses qu'il faut tâcher de les éviter, si possible. Je suis contente que le pull-over lui aille, c'est presque un hasard, surtout pour le col. Les bonnes nouvelles de Suzie (2) nous font plaisir. 

(...) Quant à Jules, nous ne l'avons pas revu. Quand Juliette est venue il y a 3 semaines, il n'avait encore rien trouvé, et elle venait d'avoir la grippe et devait entrer le lendemain comme femme de chambre chez un Dr. Y est-elle toujours ? Nous ne savons rien. (...) Je termine mon griffonnage ayant juste la place de vous embrasser tous les 3 bien affectueusement, mes chers enfants. A toi, ma chérie, nos meilleures tendresses. A. Beauser"  

(1) une montre  

(2) qui a eu la varicelle

13 février 1938 : Enfin le déménagement !


Carte postale représentant "Bou Saada - Dans le quartier indigène, une rue de la ville Arabe" mais datée de Meudon.


Mon cher Henri,
Nous sommes bien contents d'apprendre que te voilà au bout de cette énervante attente et bien nommé cette fois. J'ai tardé à te féliciter parce que je voulais interviewer un camarade qui a pas mal parcouru la région de Digne - je n'ai pu le joindre. Le climat doit être plus vivifiant que celui de la Côte, mais attention au début ! Le froid qui tombe brutalement le soir, maux de gorge, rhumes, etc. - le soleil ardent, et le "fond de l'air" frais, encore attention ! Nous avons constaté que vous voilà plus près de Lyon de plusieurs heures, et de quelques centaines de francs par an, du fait des voyages. Espérons que la vie n'y sera, par contre, pas trop chère - et pas trop monotone. Ne perds pas le contact avec les maths ! Voilà bien des conseils. Ici tout va bien.
Nous vous souhaitons mille choses agréables.
F.