vendredi 1 mai 2009

Octobre 1935 : Des nouvelles de Jules

Le 21 septembre, Jane a donc quitté Lyon pour retrouver son homme et sa maison, et plonger dans les caisses pour déménager, une fois de plus, vers le quartier St Roch à Nice. Quant à Suzy, elle est restée à Lyon où elle a été inscrite à l'école.

"Ma chère petite Jane,
Nous te remercions beaucoup de ta bonne lettre qui nous a tranquillisés un peu d'après tout ce que tu nous dis, et malgré les inconvénients de la proximité de la mer, nous espérons que ta santé se maintiendra avec des précautions et pas de fatigue.
Cet appartement nous semble tout-à-fait bien comme air, vue et exposition, sans parler du bout de jardin qui sera précieux pour Jean et même pour toi.
Vous voilà en pleine installation et nous pensons que tu as déjà trouvé une femme de ménage, ce qui est essentiel pour toi. Comme tu dois apprécier l'eau et le gaz !!
Nous sommes heureux que vos santés soient bonnes, que l'oeil de Jean ne vous donne plus aucune inquiétude, et qu'Henri n'ait plus ses trajets à faire chaque jour, et pouvant déjeuner confortablement en famille. Nous avons bien pensé à vous et à tout votre remue-ménage, mes chers enfants, car c'est un si mauvais moment à passer.
Je t'enverrai demain le pull-over de Jean et n'ai pu m'en occuper plus tôt, ayant eu une semaine mouvementée ! Dimanche dernier, au moment de déjeuner, Jules nous est arrivé en sanglotant, n'ayant plus un centime en poche. Il était à Paris avec Juliette depuis 1 mois en chambre garnie, et cherchant du travail tous les deux, sans avoir rien trouvé naturellement. Il ont donc mangé en 1 mois ce que Jules a pu gagner cet été, et ont attendu de n'avoir plus rien pour venir nous surprendre. Juliette est repartie chez sa mère il y a 15 jours, et maintenant, Jules ne trouvant aucun travail, nous serons forcés de le réexpédier à Bruxelles avec toutes ses malles, vaisselle, etc. afin de ne plus l'avoir sur le dos, et de lui payer une chambre garnie en attendant qu'il retrouve un logement puisqu'ils avaient quitté l'ancien et envoyé leur lit et leur fourneau à Anvers ! Jules a une chambre aux Batignolles et prend ses repas avec nous ; mais tu dois penser que cette réunion manque de charme et que nous sommes plus... qu'exaspérés contre ces deux imbéciles et entêtés ; ils s'étaient bien gardés de nous écrire pour nous demander conseil et maintenant, il nous faut réparer cette bêtise et payer les pots cassés !...
Nous sommes d'autant plus attristés que ce billet qui vous était destiné va être bien écorné, puisqu'il nous faut parer au plus pressé !! Il est dit que nous n'aurons pas un instant de tranquillité avec eux, car ils sont aussi instables l'un que l'autre.
Ils étaient allés voir Renée, lui demandant de ne rien nous dire. Heureusement que papa travaille encore ce mois-ci, mais il croit bien que ce sera le dernier.
Nous avons sur par les journaux les terribles orages dans la région lyonnaise et tous les dégâts et éboulements.
Tu nous avais parlé de la mort de M. Mouterde. Quant à Hélène D., elle est bien privilégiée de pouvoir continuer sa vie et supporter des grossesses sans accrocs, mais elle peut payer cela dans quelques années, car il ne faut rien exagérer (1).
Nous sommes bien contents que vous ayez de bonnes nouvelles de Suzie et des marraines. N'oublie pas de demander pour le pull-over. Ce sera bien commode d'avoir le car à votre porte et un boucher si près. Espérons que vous n'aurez pas de moustiques à St Roch. Nous n'avons pas de punaises pour le moment.
André vous aura peut-être aidés pour votre emménagement ?
Papa se joint à moi pour vous embrasser tous les 3 bien affectueusement. A toi, ma chérie, nos meilleures tendresses.
A. Beauser"


(1) Hélène Dumas, épouse Lavaux, née en 1902, vient de donner naissance à son troisième enfant.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

21 mai,

Merci de faire une pause, ça va me permettre de rattrapper mon retard !

J'imprime tout ça pour le lire à la maison.

A bientôt, bisous

Hélène