dimanche 13 septembre 2009

18 juillet 1936 : Les marraines sont à Grandris avec les enfants

"Ma chère Jane,
Je reviens vous donner quelques nouvelles de nos chers enfants, pensant que ces premiers jours de leur absence doivent vous paraître longs et un peu trop silencieux. Pour eux, ils sont pleins d'entrain et d'activité. Par bonheur, ils ont amené le beau temps que nous n'avions pas les premiers jours de notre arrivée et ils sont dehors toute la journée. Notre cour n'est pas très grande mais il y a de l'ombre tout le temps avec son tilleul et sa petite cahute ouverte, et l'air y circule bien.
Puis il y a les promenades qui font changer de place et de distractions. Jean était fou de joie l'autre jour au ruisseau et n'arrêtait pas de le traverser. Il y a aussi une petite chapelle sur la hauteur voisine. Il y a un calvaire et des bancs sous les arbres. Il y a de là une vue très étendue et un air délicieux. Enfin on n'a pas trop mal réussi comme situation.
Les taches de Jean sur les membres n'ont pas augmenté, elles sembleraient plutôt rosir un peu, mais Marthe l'a conduit au Dr quand même et celui-ci n'a pas su dire grand'chose sinon que ce n'était pas grave et aurait pu être produit par des sels d'argent...
Marthe a montré alors le tube et la pommade, il n'a pas dit grand'chose et croit qu'on peut la continuer. Si vous avez pu demander à votre oculiste ou lui écrire, vous saurez mieux sans doute ce qu'il convient de faire et nous surveillerons les taches.
D'ailleurs ce cher petit va bien. Il ne mange pas mal, dort bien, s'amuse bien, ne manque pas de malice avec sa soeur qui lui rend sa part, mais cela n'est pas constant et d'autre fois ce sont les meilleurs amis : A présent ils jouent au coiffeur et s'entendent gentiment. Comme vous le disiez la tache de l'oeil est difficile à voir et nous pouvons être heureux après tant d'angoisses d'avoir été bien protégés dans le fond des choses.
J'ai reçu une longue lettre d'André, enfin ! Le pauvre ne s'est même pas rendu compte du temps qui passait sans écrire. Il a une vie incroyable de successions de travaux, donnant foule de détails à l'appui. Enfin il dit qu'il viendra nous voir pendant ce mois d'août entre telles et telles occupations un petit peu moins urgentes. Vous le verrez je crois vers le 26 après les épreuves d'Henri ? Les Quinat ont été furieux du manque de soutien, peut-être était-il prématuré et oublié ? Espérons que tout ira mieux cette fois par la seule valeur du candidat, si le reste fait défaut. (1)
Voici que Suzie plante les 7 arceaux qui restaient de notre vieux jeu de croquet, pour faire une partie avec Jean et peut-être Marraine. Il restait 5 ou 6 boules plus ou moins rondes, mais le tout fait encore merveille.
Je pense que cette lettre pourra partir à 5 heures, et je la remplis de toutes nos tendresses. Nous parlons bien ensemble de Papa et Maman.
Maman"

(1) Apparemment, Henri a échoué à l'écrit pour 1 point, en dépit du piston demandé à M. Quinat qui avait eu un poste élevé dans l'administration. Il va passer un oral en août.

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