jeudi 6 août 2009

28 mars 1936 : André travaille et espère

"Ma chère Jâne,
Depuis que je veux t'écrire ! Ta lettre m'a encore retardé dans cette louable intention de vous écrire pour avoir de vos nouvelles car vous en donner des miennes est accessoire... rien à signaler, toujours pareil, la rotation des saisons seule modifie le programme plus particulièrement chargé en ce brusque printemps après l'hiver que tu sais, hiver au cours duquel on a eu beaucoup à faire pour s'empêcher de pourrir, sans rien entreprendre, etc.
J'espère bien que la presque promesse contenue dans ta lettre se réalisera et qu'Henri n'aura pas à travailler pour sa boîte ou pour son examen à l'occasion de Pâques ni que Jean-Jean ne sera enrhumé, etc.
J'espère aussi qu'on sera au beau fixe, ce qui ne serait vraiment pas dommage. Si les primeurs se vendent cette année en rapport avec la peine qu'on a à les préserver de l'humidité, ça fera de l'or en barre.
Je continue à travailler avec acharnement et sans avoir le temps de penser beaucoup à tout ce qui se passe au-dehors de mes quatre grillages. Famille et Politique m'intéressent toujours au premier chef, mais je n'ai pas le temps d'approfondir, et il y en a des choses qui m'intéressent et que je n'ai pas le temps d'effleurer. Depuis 18 mois vraiment, j'ai oublié bien des habitudes du temps précédent.
J'ai fort envie d'aller au ciné cette semaine voir l'adorable Shirley en souvenir de Zizie mais ce serait un extra incommensurable.
Bon, alors j'espère vous voir le 12 ou 13 avril, à la veille de l'examen d'Henri et de lui exprimer alors mes voeux de succès ; en attendant je me borne à lui recommander d'éviter le bourrage de crâne préalable qui le servirait bien moins que la sérénité.
Je le complimente pour son adhésion au végétarisme, qu'il soit végétarien salubre mais ne se prenne pas pour un ruminant du jour au lendemain.
Je vous embrasse bien en vous attendant, ce qui j'espère se réalisera à point nommé - on fera une photo comme celle que j'ai par hasard sous les yeux, mais avec mon torticolis et mes embarras financiers en moins. Nous enverrons nos voeux de fête collectifs à Odette, ainsi Henri viendra sûrement.
A BIENTÔT, et merci de m'avoir écrit la première."

Aucun commentaire: