dimanche 25 octobre 2009

23 octobre 1936 : Catastrophe

"Ma chère petite Jane,
Tu dois penser si nous avons été attristés au reçu de ta lettre, et désolés de ce malencontreux coup de froid qui t'a fatiguée de nouveau et vous occasionne bien des complications ! Je te dirai que nous n'étions qu'à moitié tranquilles de te savoir revenue à Nice, et pas suffisamment loin de la mer ! Mais si le Dr dit que vous êtes bien à St Roch, il n'y a qu'à s'en rapporter à lui, descendre à Nice le plus rarement possible et continuer surtout à te reposer et à éviter toute fatigue.
C'était bien à prévoir que tu ne pourrais t'occuper des deux enfants sans danger ; aussi votre décision de la renvoyer à Lyon est excellente et ses tantes en seront heureuses. Puisque elles ne demandent qu'à s'en occuper, et que la petite travaille bien à l'école, on ne peut demander mieux pour l'instant. L'essentiel c'est ta santé et celle d'Henri ; sans cette chose précieuse, tout va mal. Dans un sens, il est préférable que tu aies revu le Dr afin de savoir où en sont tes poumons ; du moment qu'il y en a un de complètement calcifié, c'est le principal, et en ne faisant aucune imprudence, l'autre finira par guérir à la longue, c'est inévitable. En voyant le Dr tous les mois, tu sauras exactement où tu en es, et ce que tu dois faire. C'est uniquement une question de temps.
Si Henri a l'occasion de confier Suzie à un contrôleur du PLM, il est préférable qu'il s'évite la fatigue et la dépense du voyage.
Heureusement que vous avez trouvé une jeune fille qui te rendra bien des services tous les matins jusqu'au départ de Suzie. Enfin, mes chers enfants, nous pensons à vous sans cesse, prenant une part immense à tous vos tourments qui sont les nôtres, et nous font oublier tous nos soucis personnels qui ne sont rien à côté ! Mais nous déplorons surtout cette triste situation qui nous empêche de faire pour vous tout ce que nous désirons tant ! Papa continue ses démarches, tj. sans résultat. Il va tous les jeudis chez Renée passer la journée et faire travailler Jacques (allemand et géométrie), cela le distrait, et moi je vais chez Gd'Mère. Jean doit partir demain pour Bruxelles où il a qq. affaires en train. Je ne les reverrai que le dimanche après la Toussaint à St Mandé.
A part cela, rien de nouveau, les santés sont bonnes ; je souffre seulement depuis 3 semaines d'une forte douleur dans le dos (rhumatisme sans doute) occasionnée au moment des 1ers froids. (...) Ci-joint ce petit billet pour tes fortifiants. Soigne-toi bien, mon Janot, et prends patience. Il y a déjà une grande amélioration ; la guérison du poumon gauche viendra comme celle de l'autre.
Renée est bien peinée de te savoir souffrante ! Elle se joint à nous deux pour t'embrasser bien affectueusement, ainsi qu'Henri et les petits.
A toi encore, ma chérie, mille baisers avec notre meilleure tendresse.
Tes parents tout dévoués.
A. Beauser"

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