jeudi 6 août 2009

Mars 1936 : Pot-pourri

La fin de l'année s'est déroulée calmement, l'oeil de Jean a guéri, Suzie n'a presque pas été malade, grâce à l'huile de foie de morue, les marraines font de petits travaux de couture et de décoration. Henri travaille d'arrache-pied pour son examen qui sera le grand évènement du printemps, et la conjoncture n'est pas très gaie. Voilà quelques extraits de la correspondance familiale qui plantent le décor de ce début 1936 :

5 mars :
"Herbert est à la foire de Leipzig avec François Collet content d'avoir un interprète. Voyage de 10 ou 15 jours, souhaitons-lui bonne chance, et juste appréciation de l'état mental du pays. Etes-vous comme nous à l'affût des nouvelles par TSF tous les soirs vers 6 h 1/2 ?"(Marie à Jane)
7 mars :
"Nous voudrions bien aussi que ce pauvre Henri soit débarrassé de cet examen qui lui occasionne surmenage et maux de tête ! Espérons qu'il sera récompensé de sa peine par une réussite complète. Quant à Suzie, nous comprenons parfaitement que vous désiriez la reprendre, et c'est votre droit ; mais ne vaudrait-il pas mieux lui laisser finir l'année scolaire à Montchat, plutôt que de la changer 2 mois avant les vacances ?" (Anna à Jane)
24 mars :
"Dans tous les cas, j'ai bien confiance qu'Henri se recommandera de son côté par ses connaissances et ses aptitudes. En attendant, souhaitons d'avoir un peu de calme, politiquement. Nous venons d'avoir la visite d'Odette et d'échanger nos vues et sentiments sur ce sujet brûlant." (Marie à Jane)
Non datée :
"Cher Henrable, aussitôt ta lettre reçue nous avons couru au "plaisir" (1) à toute vitesse. Et mon flair radiesthésique m'a dit : Le papelard n'est pas dans la caisse aux clous, il est dans la caisse aux charnières. Ayant donc soulevé très discrètement 3 ou 4 de tes vieilles lettres d'antan nous avons mis la main sur le vénérable document, l'avons salué au passage et sans plus attendre, te l'envoyons sous pli recommandé. Puisse-t-il contribuer à ton proche succès si mérité et si méritoire. En tout cas nous avons été heureuse de cette occasion qui nous a permis de revoir, avant de mourir, ta belle écriture. (...) Enfin à part ça tout le monde ici a été bien content de cette avalanche d'écrits. Suzy sautait de joie d'avoir "sa lettre". Elle l'attendait avec impatience tous les jours. Notre Dame de Sévigné vous écrira d'ici peu et vous donnera tous les détails que je ne peux faire entrer sur ce maigre carton. Et je serre dans ce petit coin toute mon affection qui se dilatera sur vous à l'arrivée, cher trio." (Marie-Louise à Henri)

(1) Quelqu'un sait-il au juste ce que désignait ce terme ?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Bravo d'avoir encore une fois retrouvé le courage de poursuivre ce si grand projet de faire revivre notre grand-mère et tous ses comtemporains ! Admiration !

J'aime bien cette expression "au plaisir", je l'ai entendu parfois de certains de mes interlocuteurs provinciaux au boulot, qui remplace si joliement le "à bientôt" traditionnel, devenu "@+" au XXIe siècle...

Dans le cas de ta lettre, je propose comme explication que Marie Louise reprend un terme de la lettre de grand-père, qui a dû lui écrire que ça lui ferait PLAISIR si sa soeur lui envoyait un vieux cahier de cours de physique ou quelque chose comme ça...

Elle ecrit très bien Marie Louise, magnifique prose, merci de la faire revivre !

Gros bisous

Hélène