mercredi 18 février 2009

12 avril 1934 : Préparation des vacances

"Ma chère Jane,
J'avais commencé à vous écrire avant-hier, mais après interruption, voyant que ma lettre ne pourrait partir ce jour-là, je vous ai vite adressé une petite carte pour que vous ne vous inquiétiez pas trop de mon retard. Suzie va très bien, et nous avons bien profité des magnifiques journées que nous avons eues avant Pâques. C'était la douceur et la beauté du printemps avec les arbres en fleurs, mais nous avons eu à la suite quelques petits orages qui ont fait des temps peu sûrs. Nos chères enfants sortent quand même et aujourd'hui notamment elles sont toutes trois à St Cyr.
Vos voici donc bientôt en route pour l'Abadie et vous paraissez contents de ce que vous avez trouvé, à part la question de l'eau. Nous espérons que les bons côtés de Sclos seront compensés par d'autres, et en tous cas la proximité de Nice et ses ressources vous seront précieuses. Les heures des cars vous seront-elles commodes et Henri gardera-t-il sa voiture comme en-cas ?
J'espère qu'André pourra vous prêter son secours pour le déménagement et que vous ferez tout cela sans fatigues et poussières. C'est déjà quelques chose d'avoir peu d'emballage à faire à Sclos et de trouver des caisses prêtes à partir d'Antibes, mais l'installation donne toujours assez de travail. L'appartement est-il en bon état de propreté et avez-vous facilement une femme de ménage ?
Pour nous vous nous direz s'il y a chance de trouver quelque chose ? Sur place et en parlant aux gens de l'endroit vous vous en rendrez mieux compte.
Si nous restons à Antibes, vous nous direz quels sont les moyens de vous rejoindre souvent, le temps qu'il faut, etc. ? Il y a bien toujours l'auto d'André (et la vôtre) mais il est si peu libre.
Marie-Louise est un peu inquiète, et se demande si vous voudrez bien lui laisser Suzie à Antibes, avec facilités pour vous de la voir souvent. La chère grande enfant qui craint tant les voyages redoute encore plus de se mettre en route si à l'arrivée elle se voyait privée de sa chérie petite. Elle comprend bien votre impatience de la voir, mais vous serez bien gentils de la comprendre aussi. Une séparation viendra bien trop vite pour elle, quoiqu'elle en sente aussi la justice. Enfin, n'en parlons pas par lettres, et dites seulement que vous pourrez nous laisser Suzie à Antibes, avec la possibilité de la voir souvent, je vous en serai vivement reconnaissante, mes bien chers enfants, et nous nous retrouverions ensemble le plus que nous le pourrions.
Suzie sera très heureuse de revoir papa, maman, et Jean. Elle ne vous oublie nullement, et parle souvent d'une chose ou l'autre que vous faisiez.
Rien de nouveau de Meudon, mais le temps approche tout de même, et j'attends une lettre ces jours-ci.
Je comprends bien tous les soucis de vos parents. Il y a toutefois une petite éclaircie chez votre soeur pour les affaires.
Merci pour le mandat et je mets de côté l'avance qui y est jointe. Pour l'oeuf de Pâques on trouvera quelque chose qui fera plaisir à la chère petite qui vous en remercie déjà.
Le petit attendu doit s'appeler Pierre. Si c'est une fille, Marie Nicole, du moins c'était en question. Melle Simone (1) est à Meudon depuis le 29 mars.
Je vais porter ma lettre à la boîte et vous y renferme toutes mes meilleures tendresses auparavant.
Maman"

(1) Soeur de Germaine

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