dimanche 14 décembre 2008

5 mai 1933 : Avis contradictoires

"Chères marraines,
Merci de votre longue lettre, et de tous les détails que vous nous donnez sur nos petits. Nous espérons que toutes ces histoires, pratiquées sur leurs pauvres corps, n'amèneront que de bons résultats.
Pour ma part, je ne sais plus bien ce qu'il faut croire dans tout ça. Mon docteur me dit : "Faites faire ce vaccin". Et ce n'est pourtant pas une "nouille"... Ensuite mes parents, nos marraines nous mettent en garde contre. Et je reçois aussi une lettre de Tante Henriette qui se tracasse au sujet de ce vaccin, disant : "Vacciner Suzie, à son âge, alors qu'elle a déjà été en contact avec tant de microbes, me surprend. J'ai vu vacciner des enfants à la naissance (dans les huit premiers jours), j'ignorais qu'on pût le faire plus tard. A Lyon, il doit y avoir des fondations anti-tuberculeuses, dispensaires d'hygiène ou autres, qu'on demande l'avis d'un spécialiste, cela me semble plus sage. Souhaitons d'ailleurs que la cuti soit positive, l'enfant se sera vaccinée toute seule, et il ne faudra plus que du bon air et de la bonne hygiène pendant 1 ou 2 ans."
Je n'y comprends plus grand'chose. Au diable toute cette médecine. La campagne, voilà le sauveur.
Tante Henriette, dans une précédente lettre, me disait, au contraire : "Si la cuti est négative, tout va bien." Je pense qu'elle dit cela maintenant parce qu'elle s'effraie de ce vaccin. Et pourtant, s'il était sans danger, et me permettre de reprendre Suzie en septembre ou avant, et qu'elle puisse passer l'hiver au bon air, où nous serons sans doute ?...
J'espère que ma lettre vous arrivera avant le 10. Henri la mettra à Nice demain matin.
Je suis contente que le tricot et les chemises aient été bien accueillis. Je n'avais pas de boutons pour la veste et j'ai pensé que vous en trouveriez peut-être dans quelque boîte. Songez que je suis dans un pays un peu perdu, que les lettres mettent 2 ou 3 jours pour arriver.
J'ai donc quitté l'hôtel hier matin seulement, parce que nous n'avions pas reçu nos malles de St Roch.
Maintenant, nous sommes installés, n'attendant plus que quelques casseroles et autres choses, expédiées par André.
J'ai une femme qui fait l'affaire pour le ménage. Elle reste environ 2 heures, le matin. Et je n'ai pas grand'chose à faire : cuisine, promenades, chaise-longue, tricot. L'épicerie est heureusement à côté, et je vais chercher des légumes à l'hôtel, chez Mme Bailet, toujours bien aimable.
Henri est venu hier à 4 h, sur sa moto. Elle marche pas mal, il dit n'être pas secoué. Je souhaite vivement que tous ces trajets ne le fatiguent pas trop. Demain, il ira encore déjeuner chez Odette.
J'ai eu de bonnes nouvelles de Paris. Papa et Maman sont à La Bretêche depuis hier, pour 8 jours, si Mme Hanau n'appelle pas avant.
Avez-vous eu des détails sur le mariage d'Odette Mouterde ? Savez-vous où se cachent les tourtereaux ? C'est beau d'être jeunes et sans soucis !
Au revoir, chères marraines. Nous vous embrassons tendrement tous les cinq, et attendons anxieusement la prochaine lettre annoncée.
Jane

Henri a envoyé hier un mandat-carte de 300 F à Maman. C'est pour le mois de mai. Pour les soins aux enfants, tenez bien compte des dépenses. La feuille que j'ai envoyée (pour les assurances sociales) est pour l'opération des végétations. Elle est valable pour 15 jours à partir de la date inscrite. Donc, elle doit être maintenant périmée. Le chirurgien pourrait antidater son opération. Sinon, renvoyez-nous cette feuille n'ayant pas servi et je vous en enverrai une autre en échange. Quel business ! Je vous embrasse bien, chères Marraines, et les enfants aussi. Les cerises sont-elles bientôt mûres ? Y en aura-t-il pour la Pentecôte ?
Henri"

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