dimanche 1 juin 2008

26 mai 1928 : Henri écrit à sa mère (et Jane aussi)

"Ma chère Maman,
J'ai pensé tout ce matin au triste jour d'il y a dix-neuf ans. C'est de mettre cette date qui m'y fait repenser. Dix-neuf ans ! Mais notre père a laissé un souvenir si net et si aimé dans nos coeurs, que l'on croirait qu'il y a quelques années à peine qu'il nous a quittés.
... En effet, ta lettre et celle de Jane se sont croisées. Tu auras donc eu de bonnes nouvelles qui t'auront tranquillisée sur notre sort. J'espère que ta santé, dont tu ne parles guère, se maintient de la façon dont elle allait pour Pâques, et si les combinaisons de vacances t'amenaient ici, comme François nous en a parlé et comme Jane te l'a écrit, tu verrais que tu irais tout à fait bien, comme auparavant.
Je suis pressé... Sais-tu (je ne le dis que pour toi) qu'hier, Jane a eu une émotion... neuve : l'enfant s'est mis à bouger. On lui a crié de se tenir tranquille. En tout cas, santé parfaite, sauf le soir aux environs du dîner. (...)
Je te dirai que les affaires ne vont pas mal. La quincaillerie ne va pas mal du tout, le fer forgé va moins bien. Nécessairement, il est plus difficile de se faire connaître dans cette branche. Aussi, cette commande de lampes (ou appliques, etc.) nous intéresserait. (1)
Donc, transmis à qui de droit.
Ma chère Maman, je vais aller me les caler, en vitesse. Jane m'attend, sans rien dire et pourtant le dîner est prêt depuis 10 minutes. C'est un ange. Je suis heureux.
Je t'embrasse bien et Jane aussi.
Henri

Chère Maman,
Je ne veux pas que la lettre d'Henri parte sans y mettre un petit mot.
Nous sommes bien contents que vous alliez bien toutes ; et je comprends que vous attendiez avec impatience l'avis du docteur au sujet de l'état de Marie-Louise.
Cet état a dû certainement s'améliorer à Divonne, et les beaux jours, avec un autre séjour, soit à Nice, soit au Puy, la guériront sans doute tout à fait.
Nous pensons bien à elle et à vous tous. C'est dommage, en effet, que nous soyons si loin et ne puissions être avec vous pour ces fêtes. Naturellement, il ne faut pas songer à aller à Lyon pour les mariages, et nous écrirons ces jours-ci à Marie-François.
Je pense que Maman n'a pas renoncé à son projet d'aller vous voir à son retour de Nérys, mais iront-ils bien le mois prochain ?
Bons baisers à tous, au Kozak (à qui je me propose d'écrire bientôt comme il le mérite), puis à Firmin, et à Marthe que j'aime bien.
A vous, chère Maman, bien tendrement.
Jane"

(1) Deux cousines (Hélène et Suzanne Dumas) se marient à Lyon en juin, et Henri propose de fabriquer les cadeaux en fer forgé...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Moi je trouve que c'est maintenant que ça devient palpitant : fini le tête à tête, les rôles secondaires entrent en jeu, pas si secondaires que ça, les intrigues se nouent, on attend la suite avec impatience !

Merci de nous faire revivre toute cette histoire vraie de si près.

Bisous

Hélène