dimanche 19 avril 2009

23 août 1935 : Petit accident, grandes conséquences

Lettre à l'en-tête de la : "Clinique Jeanne d'Arc - Chirurgicale, Médicale, Physiothérapique - 38, cours Albert Thomas" (Lyon)

"Mon cher homme,
Ne te tourmente pas à cause de cette en-tête. Il est arrivé un petit accident à l'oeil gauche de Jean, hier soir. Il était 8 heures, Suzie et lui attendaient Marraine, sur le trottoir, pour partir au lait. Suzie était à cheval sur une branche d'arbre qu'ils avaient rapportée de promenade, et Jean derrière elle. La fatalité a voulu que la branche se relevât à l'arrière et vint se planter dans ce pauvre oeil. Jean a bien pleuré, nous sommes allés chercher le docteur, pensant qu'il avait reçu simplement un coup avec le bâton. Le docteur n'a pas pu faire ouvrir l'oeil. La nuit a été agitée avec beaucoup de pleurs. A 10 heures du matin, nous sommes retournées chercher le Dr qui a pu ouvrir l'oeil après y avoir mis des gouttes de cocaïne. Et nous avons pu voir, hélas ! que l'oeil était blessé.
Je me suis fait descendre jusqu'à Lyon en auto, pour gagner du temps, et accompagnée par Mme Pesson, bien obligeante, nous avons pu voir tout de suite un bon oculiste, rue du Plat, qui nous a envoyés, après examen de l'oeil, dans une clinique, et là, l'oculiste Coleret vient de l'opérer, à 5 heures. Il ne m'a pas caché que c'est sérieux. Il a retiré une grosse épine. Heureusement, elle était plantée obliquement, ç'aurait pu être plus grave. Mais l'oeil a bien souffert, et le docteur ne peut pas me dire encore si la vision (à gauche) sera peu ou bien atteinte. En tout cas, il m'a dit qu'il resterait une tache.
En ce moment, il est 6 heures du soir environ, vendredi. Jean est bien couché dans un petit lit tout blanc, et il repose. Il n'a pas l'air de souffrir. On lui a fait une piqûre antitétanique. Le docteur le reverra demain matin.
Je vais coucher à côté de lui, pendant quelques jours.
Tout cela est fort onéreux, comme tu dois le penser. Je ne peux pas te dire encore combien il nous faudra mais ta mère nous avancera. Veux-tu faire le nécessaire pour les Assurances Sociales ? J'en parlerai au docteur aussi.
Je termine vite pour que ma lettre parte. Je te récrirai bientôt.
Au revoir, mon petit homme, ne t'inquiète pas trop, j'espère que dans quelques jours tout cela ne sera plus qu'un mauvais souvenir.
Je t'embrasse de tout mon coeur.
Ton fenon"

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