dimanche 19 avril 2009

28 août 1935 : Des nouvelles de l'oeil

"Mon cher homme,
Je t'écris de Montchat où nous sommes installés depuis lundi soir. Henriette m'a bien rendu service, elle a passé la 1ère nuit ici, et les marraines sont arrivées hier après-midi, en auto depuis Montrottier.
Ta mère semble plus vaillante, Marthe a encore bien mal aux jambes. Il lui faudrait du repos, et malheureusement, avec ce déménagement et notre petit blessé, on a pas mal à faire.
Le petit va un peu mieux, mais ses nuits sont toujours un peu agitées. Hier, à l'arrivée des marraines, il a été tellement heureux de retrouver Suzie, qu'il s'est levé de son fauteuil et au ouvert son oeil droit, chose qui ne lui était pas arrivée depuis l'accident. Ce matin, il le tient fermé à nouveau. Je pense qu'il a fait un effort trop grand hier, et qu'il a besoin de le laisser au repos. Il n'a plus du tout de température. La visite au docteur a été satisfaisante, mais c'est bien une corvée. Ces pansements sont un peu douloureux, et le petit a peur. J'y retourne aujourd'hui à 3 heures, et les jours suivants, peut-être jusqu'au milieu de la semaine prochaine, et on partirait après, dans 8 ou 10 jours, si tout va bien. On lui mettra des lunettes pendant quelque temps, pour l'habituer à la lumière.
Je pense que tu m'as écrit à la clinique, j'irai aujourd'hui ou demain pour prendre le mandat que les marraines y ont envoyé. J'ai dû donner 430 F à la clinique, pour 3 jours : 75 F par jour + 157 F pour la salle d'opération et les infirmières (opération non comprise) et 50 F pour les pansements. Ces braves soeurs n'y perdent pas. Heureusement qu'Henriette m'avait apporté de l'argent pour m'aider à régler avant le départ.
Je te remercie pour les photos envoyées à Paris avec souhaits de fête. Et tous nos compliments, elles sont très bien réussies.
C'est regrettable, en effet, que tu ne sois pas allé à St-Cyr avant de quitter Lyon, mais tu sais bien que tout le monde te l'a déconseillé, puisque François ne recevait plus de visites (1). Mais pourquoi n'as-tu pas envoyé de condoléances ? Je t'assure que tu as eu tort. Quant à nous, vu les circonstances, nous sommes tout excusées, et nos cousins le comprendront certainement.
Il pleut depuis plusieurs jours, c'est lamentable, on aurait pourtant bien besoin de beau temps pour retaper Jean qui a déjà perdu sa bonne mine.
Le docteur Rosnoblet m'a dit hier que je n'aurais qu'à lui donner les feuilles d'assurances, il marquera ce qu'il faut, ainsi que la clinique. Je n'aurai qu'à lui donner mon reçu.
Au revoir, mon cher homme. Nous regrettons bien de te sentir si loin de nous en ce moment. J'espère que tu ne te tourmentes pas plus qu'il ne faut. Les marraines t'embrassent, et moi je me serre sur ton vieux coeur.
Fenon"


(1) François Mouterde (cousin germain de Marie), décédé fin juillet.

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