samedi 4 avril 2009

31 mai 1935: L'escapade de Grand-mère Jobert, le rippolin, et l'Exposition

"Ma chère petite Jane,
Ta bonne lettre a été la bienvenue comme toujours, et nous sommes heureux de vous savoir tous les 4 bien portants, espérant que la présence de Suzie n'est pas un trop grand surcroît de fatigue pour toi. Du reste, nous pensons bien que tu n'insisteras pas si tu sens que ça ne va pas, car il ne s'agit plus de rechuter maintenant, mais de te fortifier de plus en plus en évitant à tout prix le moindre surmenage !
Tu sais que les marraines ne demandent qu'à te soulager. Je pense qu'elles sont de retour à Montchat ; lorsque je les ai vues à Meudon il y a plus de 15 jours, leur départ n'était pas encore fixé. Il faut espérer qu'elles trouveront une location à leur gré et qui conviendra à tous comme air.
Nous comprenons très bien que tu ne puisses venir à Paris encore cet été, mon Janot, malgré notre grand désir de te revoir ; ce ne serait pas raisonnable à tous les points de vue : fatigue et dépenses. Il faut avant tout songer à ta santé et à celle d'Henri ; et le pauvre a bien besoin de tes soins avec tout son surmenage physique et intellectuel !
Nous sommes bien navrés aussi de ne pouvoir nous offrir un petit voyage auprès de vous, mais plus que jamais il faut se restreindre, et les évènement du jour sont bien angoissants !
La pauvre Gd'Mère a encore fait des siennes en s'échappant de la Providence ! Elle est tombée au square d'Anvers où un agent l'a trouvée et emmenée à Lariboisière avec une épaule démise. On l'a radiographiée, soignée pendant 2 jours, et ramenée dans sa chambre. Elle a le bras immobilisé ; on ne peut la laisser seule un instant, et les nuits surtout sont terribles malgré les calmants ; la garde est bien fatiguée ; pourvu qu'elle tienne le coup. Elle passe maintenant les matinées en plus, et naturellement, les frais augmentent. Tante Henriette est très dévouée, et c'est elle qui a bandé le bras et l'épaule de Gd'Mère, de main de maître ...! Mais la pauvre vient d'être encore arrêtée par un rhume avec fièvre, et Denise également. Elle sort beaucoup trop le soir, et cela ne lui vaut rien. Je l'ai vue hier à la Providence et elle m'a bien demandé de tes nouvelles.
Renée, venue nous voir lundi, nous a invités pour la Pentecôte ; ce sera la dernière fois que nous allons à Boulogne, et le 22, ils déménagent. Ma femme de ménage ira leur aider le dimanche et le lundi. Jean va bien maintenant et nettoie le nouvel appartement à moments perdus : plafonds, peintures, cuisine au rippolin (sic) etc... il y a de quoi faire. (...)
Nous sommes bien contents de la réussite d'André ; et ses excellents légumes ont dû vous faire bien plaisir. Vous devez être en pleine période de beau temps, et nous espérons que tu eux faire ta chaise-longue dehors tous les jours, et continuer à te promener régulièrement avec les enfants.
Heureusement que Suzie est devenue raisonnable, et ne te fait pas trop fâcher. Embrasse-les bien pour nous, ces chers petits.
Je voudrais faire un pull-over à Jean, n'ayant guère travaillé pour lui, et tu serais gentille de m'envoyer un patron en papier avec encolure arrondie. Tu me diras si tu le veux très chaud ou plus léger, et quelle teinte de laine ? Le patron de la manche également.
Si tu veux que j'en fasse un autre pour Suzie, dis-le moi franchement. J'aurai bien le temps de travailler tout l'été.
Papa fait de grandes randonnées au Bois, et des croquis les jours de beau temps.
Reçu hier une lettre de Jules. Depuis le 22 avril, il travaille à l'Exposition, au restaurant du pavillon Danois, et paraît content. Nous voudrions bien que l'Exposition durât 6 ans au lieu de 6 mois !
Je termine, mon Janot, en t'embrassant bien tendrement ainsi que ton cher Henri. Bonnes caresses encore à nos deux "diables" avec tout l'affection de vos parents qui pensent beaucoup à vous.
A. Beauser
Mille baisers de Renée"

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