mardi 14 avril 2009

26 juillet 1935 : Les vacances ne sont pas qu'une partie de plaisir...

"Mon cher brave homme,
Comment vas-tu ? J'espère bien. Ce serait trop dommage qu'un aussi bel homme se fît écraser ou prît froid. Il est vrai qu'avec ces temps si chauds... Ne grilles-tu point ? Nous venons d'avoir 2 jours très lourds, et pourtant, il me semble, à 700 m on devrait avoir un peu plus d'air. Les paysans se plaignent de la sécheresse. Moi j'aime mieux ça que la pluie.
Que te dirai-je de notre nouvelle existence ? Peu de chose. Tu sais qu'on se lève chaque matin pour manger, ménager, coudre, etc., se promener un peu. Jusqu'à présent, nous n'avons fait que deux courtes promenades, le soleil étant chaud, et l'ombre rare, comme tu t'en doutais. Pour trouver un bouquet de sapins, il faut marcher pendant au moins 20 minutes au soleil.
Ta mère va mieux, mais toujours un peu branlante. elle prend ses repas dans sa chambre et se lève tard. Il y a deux jours, M. L. et Marthe se demandaient si elles ne feraient pas bien de la redescendre à Lyon, si les malaises proviennent de l'altitude... Mais ça va un peu mieux. Marthe n'est pas bien brillante non plus.
Suzie est toujours en épanchements tendres avec sa marraine, et elle recommence à me maltraiter, comme l'été dernier.
Nous avons eu une grande conservation (sic) sur la guerre, à en pleurer. Si bien que je me suis sauvée. Figure-toi que les marraines, à Lyon, étaient parties certain jour avec l'intention de s'acheter des masques contre les gaz ; mais n'en ayant pas trouvé à leur mesure, elles n'ont pas fait d'emplette. Elles parlent aussi d'acheter une propriété de 3 ou 4 000 F ! en commun avec nous, dans une campagne privilégiée où on pourrait se réfugier. Tout cela est très bien, qu'en penses-tu ? Il vaut mieux prendre ses précautions...
André a écrit, mais il parle seulement de nous, et pas un mot de lui. Nous saurons sans doute par toi ce qu'il devient. J'espère que tu prendras quelques bains, et que tu passeras un bon moment en famille, à Juan.
Comment te trouves-tu dans ta chambre, pour dormir et travailler ? As-tu des moustiques, du bruit, de la chaleur qui te rendent malheureux pour ne pas changer ? Pauvre homme !
J'espère avoir bientôt une lettre de toi. Jean t'a réclamé, aujourd'hui, tout à coup. Il a demandé quand tu viendrais.
Au revoir, mon cher marron, je commence à avoir envie de t'embrasser. Et toi ? J'espère que tu ne regardes pas trop les beaux pyjamas.
Bons baisers de tout le monde et de ta Femme."


Je pense que Jane et Henri avaient mis en location la maison de l'Abadie pour les vacances, et qu'Henri s'était donc exilé dans une chambre en ville.

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