samedi 31 mai 2008

28 février 1928 : La Reine a des espérances

"Nos chères Marraines,
Nous remercions Maman de sa bonne lettre et sommes contents de penser que Marie-Louise fait sa valise. Certainement ce changement d'air et la distraction lui feront grand bien. J'espère qu'elle ne nous oubliera point et nous enverra de belles images de là-bas, des images pour l'enfant, l'enfant qui s'apprête à être mère ! Mais oui, c'est une nouvelle que je vous annonce tout simplement. Je suis persuadée qu'elle vous fera plaisir. Depuis quand... ces espérances ? un mois environ. C'est donc la réalisation de tous les souhaits que l'on a osé nous formuler pour le nouvel an. Enfin, ne nous frappons point. En tout cas c'est bien ennuyeux d'avoir mal au coeur tous les jours, d'être de mauvaise humeur, d'avoir des goûts excentriques et de faire supporter tout cela à son mari. Heureusement que le Roi est un brave homme !
Un petit Pierre est né à New York (1). On n'a pas encore de détails sur son état et celui de sa maman.
A Paris, on s'apprête à fêter les 80 ans de ma grand'mère. Henri lui a envoyé des souhaits touchants pour cette belle occasion. Maman va mieux.
Nous avons reçu hier une très longue lettre de François qui nous parle de vous tous et du prochain départ de notre Colombe (2). On se réserve tous de l'égayer un peu à Pâques et on espère qu'à ce moment-là elle sera forte et vaillante.
Nous avons été un peu enrhumés tous les deux ces jours-ci : changement de température, tantôt il fait soleil, tantôt nuageux et frais. Il paraît qu'à Lyon il fait meilleur qu'ici. Tant mieux pour vous et surtout pour Marie-Louise qui doit se promener au soleil. Nous avons appris cela par M. Villiet, le futur associé d'Henri arrivé ce matin à Nice et qui est venu déjeuner avec nous. J'espère qu'ils s'entendront tous les deux. Ce monsieur a l'air très gentil et débrouillard et son intention est de chercher immédiatement un local pour l'atelier et de quoi se loger avec sa femme et sa fillette qui sont restées à Lyon en attendant. Henri quitterait donc M. Roullet sitôt qu'ils auront un local afin de l'installer. Je serai bien contente de ce changement de situation pour lui, travail certainement plus intéressant, moins de poussière et pas de patron... Nous vous en reparlerons bientôt et j'espère que pour Pâques ce sera en bonne voie.
Nous comptons les semaines, chères Marraines, avant de vous revoir. N'est-ce pas que nous avons bien travaillé à Nice et que vous serez satisfaites de vos enfants ? Ce sera un petit Jean ou une petite Alberte (?), à moins qu'on ne change d'idée. Et que fait Marthe ? Quelles belles choses ?
Nous avons appris avec grand plaisir les fiançailles d'Hélène (3) et vous chargeons de la féliciter, si c'est permis. Maman, qui a vu Herbert, nous dit qu'il désire partir à l'étranger, au grand chagrin de Thérèse. Vous nous parlerez de leurs projets, n'est-ce-pas ?
Bons baiser à toutes les trois de leurs Majestés qui vous aiment bien.
Votre petite Jane"


(1) chez Renée (Beauser, soeur de Jane)
(2) surnom de Marie-Louise
(3) Dumas, avec M. Lavaux

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