mercredi 3 septembre 2008

1er juillet 1931 : Jane à sa belle-mère

"Ma chère maman,
Nous venons de recevoir votre lettre, et sommes heureux de la bonne nouvelle. Je vous écris tout de suite, au cas où vous partiriez samedi matin.
Vous allez donc partir au bon air, vivifier vos poumons à toutes les quatre. J'en suis bien contente et je pense au bien que cela va faire à ma petite Suzie, ces deux mois de montagne. Et ce voyage, et cette nouveauté vont rudement l'intéresser. Je voudrais la revoir demain, mais c'est dans un mois seulement, ou presque, puisqu'Henri n'a son congé que du 15 août au 31, et je ne voudrais pas le laisser seul plus de deux semaines.
Petit Jean supporte bien la chaleur. Il est dehors, à l'ombre, presque tout le jour. Le matin, je fais vite tout le ménage, et Henri nous monte au jardin à 2 heures avec le moïse. On y reste jusqu'à 5 heures, à l'air. Je n'ai pas repris toutes mes forces encore, mais ça viendra. Et je suis plutôt "grosse" que maigre.
Petit Jean pesait 4 kg 400 dimanche dernier. Il prend ses 250 g par semaine. Aujourd'hui il m'a fait plusieurs sourires. C'est attendrissant, et intéressant de le voir s'éveiller et regarder autour de lui avec des yeux tout ronds.
André est venu nous voir dimanche après-midi, et a soupé avec nous. Il ne pourra pas avoir son congé avant septembre. C'est dommage.
Il paraît que Renée s'est retrouvée plusieurs fois avec Thérèse, à sa grande joie. Elle m'écrit qu'elle trouve Odette charmante, et sera contente de la voir souvent.
Nous sommes touchés de savoir que Suzie parle bien de nous. Je voudrais bien la voir raccommoder. Ça doit être drôle... et beau.
Alors, chères marraines, nous vous souhaitons un bon voyage, et vous chargeons d'embrasser François et Germaine de notre part.
Henri s'endort dans son fauteuil, il est 9 h 20, heure indue. J'ai sommeil aussi. Janot me réveille chaque nuit vers 3 heures et réclame sa tétée. Puis il faut recommencer à 6 heures. Et en ce moment, il a son pauvre "tutu" bien enflammé. Alors il faut lui donner des bains de son, le pommader et le changer sans arrêt. Quel boulot ! Aujourd'hui, l'inflammation s'atténue, heureusement.
Henri a apporté, ce soir, une superbe armoire en chêne et acajou, qu'il a fait faire à l'usine, pour les enfants.
Au revoir, chères marraines, nous vous embrassons bien tendrement toutes les quatre.
Jane-Henri"

Aucun commentaire: