mardi 30 septembre 2008

Avril 1931 : Péripéties et déménagement

"Ma chère petite Jane,
Je ne veux pas attendre davantage pour te dire combien ta longue lettre nous a fait plaisir, et pour vous rassurer sur le sort de papa. La Banque n'a pas fermé du tout, on a seulement procédé à une perquisition pour tâcher de trouver une corrélation entre le journal "Forces" et la Banque de l'Union Publique. On cherchait surtout le fameux document volé au ministre Flandrin, et on a fait ouvrir tous les coffres, emporté un tas de dossiers et mis les scellés. Papa a dû assister à cette opération à la place du directeur qui a eu une altercation avec le commissaire de police. Bref, tout cela s'est assez bien terminé, mais on se demande combien de temps la Banque pourra continuer, car c'est un gaspillage épouvantable ! Enfin, inutile de s'en faire...
Pour le moment, papa est au lit par mesure de précaution, ayant eu une petite alerte hier matin. La potion et les ventouses ont l'air d'agir, et j'espère que d'ici 2 jours il pourra retourner au bureau.
Il nous arrive un bonheur inespéré : Mme Wavrinck vient de nous faire avoir un appartement qu'elle habite à Saint Mandé, où son amie Mme Ehret est propriétaire. Nous l'avons visité samedi avec papa, et l'affaire est conclue. 3 jolies pièces au 3ème sur la place de la Mairie, à côté de l'entrée du bois de Vincennes et en face de la gare, à 1/4 d'heure à pied du métro de Vincennes, et l'année prochaine, il y aura une station à 5 minutes. Comme prix 2 300 F net.
Les deux pièces principales communiquent entre elles et se chauffent parfaitement bien avec une salamandre. Mme W. habite au 1er ; aussi tu te rends compte de notre joie à toutes deux !! Nous déménagerons sans doute en septembre.
Tu nous demande ce que nous pensons de vos projets de vacances. Nous ne connaissons pas la Drôme, mais savons seulement que c'est une région très ventée ; quant à l'Ardèche, nous connaissons Annonay ; il y a des endroits montagneux comme la Louanne (?) avec des bois de sapins, et les étés doivent y être très chauds lorsqu'il fait beau.
Pour vous et les François R., ce serait bien, étant plus près de Nice et de Nîmes, mais pour nous, pour papa surtout qui n'a que 15 jours, ce serait un voyage bien long et bien fatigant, encore pire que Bessenay qui était déjà suffisamment compliqué.
Mais le mieux est de prendre ce que vous trouvez et dans la région qui vous conviendra à tous, sans vous inquiéter de nous, car il se peut qu'à ce moment-là, papa ait malheureusement un congé... définitif, et alors le voyage vaudrait la peine.
Sinon, nous irions plus près de Paris et on s'arrangerait pour se voir autrement l'hiver prochain. Si nous voyons le capitaine et sa femme, nous pourrons causer de tout cela.
Nous avions sur par Mme Dumas l'accident d'auto arrivé au fils Mouterde. Quelle émotion vous avez dû avoir, mes enfants, et c'est bien triste pour ce pauvre cycliste, dans les conditions où il se trouvait, avec son enfant mourant.
Mme Reignier et ses filles doivent se réjouir à l'idée d'avoir Suzie en juin, et pour toi, ce sera un peu de répit pendant qq. temps. Quel malheur que Paris soit si loin et qu'on ne puisse avoir ces chers petits à tour de rôle. (...)
Je vais voir Renée demain à la Providence et lui apprendrai la nouvelle au sujet de l'appt. Elle va être bien surprise !
Henriette et Denis ont dû rentrer samedi de Bandol.
Mille gros baisers à tous les 4, mes bien chers enfants, et à toi, ma chérie, toutes nos meilleures tendresses.
A. Beauser"

Si quelqu'un a des lumières sur cet incident concernant la Banque, elles sont bienvenues.

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