dimanche 29 mars 2009

10 avril 1935 : Marie est émue et inquiête

"Ma chère Jane,
Je suis bien en retard pour vous écrire, mais cependant je ne vais pas mal maintenant, la fièvre n'est pas revenue et les palpitations se calment, mais pour la surdité c'est à peu près de même et toujours assez gênant. Je sais que cela ne peut passer en un jour et ne m'inquiète pas encore trop. Beaucoup de personnes ont eu comme cela des refroidissements qui se sont portés à la tête.
Nous sommes maintenant tout à la pensée de vous revoir bientôt et d'un jour à l'autre nous attendrons l'annonce de votre arrivée.
Jean doit commencer à en parler et à faire ses projets. Se rappelle-t-il un peu Montchat ? Je ne sais encore quel jour viendra François et si ce sera avant ou après Nîmes ? Henri pourrait lui envoyer un mot pour lui dire quels jours il sera ici, ce qui pourra le faciliter.
J'espère qu'Henri ne sera pas aussi pressé qu'à l'ordinaire et aura le temps de revoir son pays et son monde, y compris Paul Dumas qui doit venir aussi avec sa famille pour ces fêtes.
Comme vous le supposez sans peine, nous sommes tout émues à la pensée de nous séparer de notre chère petite, et cependant votre désir est bien naturel. J'espère que M. L. ne se fera pas trop de mauvais sang, avec l'espoir de retrouver souvent sa bien-aimée filleule, mais vous vous comprendrez bien toutes deux, j'espère, dans votre amour partagé, et vous vous ferez mutuellement des concessions sans nuire bien entendu à l'intérêt de la petite chérie.
Dans l'époque angoissante où nous sommes, on ne peut faire de grands projets, à peine pour les vacances, dont nous reparlerons ensemble, mais nous espérons que les circonstances nous permettront de nous rapprocher.
Suzie se réjouit de vous revoir tous et fait de petits projets, mais nous ne lui parlons pas encore de votre intention afin qu'elle n'en parle pas trop elle-même, je crois que cela est préférable.
En ce moment, je suis seule avec elle, qui finit son petit déjeuner toujours laborieux à prendre, bien qu'il passe fort bien. Mes filles sont à un sermon de retraite et ne vont pas tarder à rentrer. Je termine ma lettre et la porterai sans doute avec Suzie à la poste.
Dans ce moment, le jardin est bon et l'on y passe de longues heures.
Toutes nos tendresses, chers Enfants, et restez-nous le plus que vous le pourrez.
Suzie vous embrasse tous bien fort.
Maman"

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