dimanche 1 mars 2009

5 octobre 1934 : Les vacances sont finies

"Ta grande lettre nous a fait bien plaisir, ma petite Jane, nous avions hâte d'avoir de vos nouvelles, sachant bien que le départ des marraines était imminent. Triste journée pour vous que celle de la séparation, et nous comprenons votre peine de ne pouvoir garder Suzie ! Mais c'est beaucoup plus raisonnable de ne la reprendre que l'été prochain, lorsque toutes tes forces seront revenues, et qu'il n'y aura plus aucune crainte à avoir ! Tu es en excellente voie de guérison complète, ce serait malheureux de la retarder par un excès de fatigue.
Tu nous donneras des nouvelles du voyage des marraines ; nous espérons bien que Mme Reignier n'en aura pas souffert et que son indisposition des derniers jours aura disparu à l'arrivée des François.
Ici, nous allons bien et avons passé un bon dimanche à Boulogne, causant de vous sans arrêt, comme tu dois le penser ; ils ont admiré les photos (1), et trouvé les figues excellentes ; les enfants, ravis des bonbons et des jujubes.
Mais Jean est de plus en plus désolé des affaires qui deviennent impossibles avec l'étranger. Peut-être le départ de M. Grethen à la fin de l'année changera-t-il quelque chose dans la situation de Jean ? Mais en tout cas, c'est un mystère et M. G. n'a même pas dit à Jean qu'il était remercié ! Tout cela est bien préoccupant, et les frais vont en augmentant pour eux avec les enfants.
Par contre, nous venons d'avoir une surprise agréable avec la garde de Gd-mère qui nous a demandé une... diminution, chose rare ! 120 F de moins par mois, c'est appréciable. La pauvre Gd-mère est toujours de plus en plus "galopante" et ne s'est guère aperçue de mon absence, heureusement ; je l'ai embrassée de votre part, mais elle ne m'a posé aucune question !
Dimanche, nous aurons les cinq à déjeuner. (...)
Papa est content que l'envoi des cartes vous ait fait plaisir. J'ai reçu une grande lettre de Jo, des plus affectueuses, nous disant toute leur joie de notre petit séjour, et ne demandant qu'à nous avoir l'été prochain, tout le temps que nous voudrons, que ce sera un bonheur pour eux et non une fatigue, etc. Il est certain qu'on se sent très à l'aise avec eux, et qu'on serait heureux d'y retourner si possible !
Pour l'instant, on est terrifié des affreux évènements politiques (2) et on se demande où l'on va !!
Nous souhaitons que vous soyez longtemps encore favorisés par le beau temps pour tes promenades quotidiennes et les trajets d'Henri.
Nous sommes avec vous sans cesse dans votre jolie cuisine de Lou Padre, si agréable et si gaie, et nous espérons que Jean-Jean est moins récalcitrant au moment de la soupe et des pâtes !
Nous vous embrassons tous les trois bien affectueusement comme nous vous aimons. A toi bien tendrement, ma chérie.
A. Beauser"

(1) Je n'en ai pas...
(2) Peut-être l'arrivée de Hitler au pouvoir
?

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