mercredi 11 mars 2009

26 décembre 1934 : Noël est déjà passé !

Certes, 1934 aura passé bien vite, à l'échelle de ce blog, mais cette année aura été plutôt tristounette et pauvre en évènements marquants. Et la machine à remonter le temps ne va pas à une vitesse constante !

"Ma chère Jane,
On aime bien ces longues lettres qui rapprochent tant les uns des autres, et de mon côté je voulais vous écrire plus vite, mais plusieurs fois j'ai été détournée de mon intention par des visites ou de petits services à rendre, etc.
Et voilà Noël passé ! J'espère que Jean-Jean a été aussi content que Suzie de la visite du petit Jésus et que les chers témoins de leurs joies ont passé aussi de bons moments. Nous aurions bien aimé à être réunis pour ces jours, ou au moins pour ceux qui viennent puisqu'il y avait 3 jours de suite pour Henri, mais peut-être auriez-vous fait une imprudence en cette saison si changeante ? Nous ne pensons pas non plus avoir personne de Meudon, à moins que François tout seul puisse nous faire une surprise, mais je n'ose pas trop y penser.
Il doit être de retour du Var, nous n'en avons pas encore confirmation et ne savons pas si les parents Q. sont encore pour quelques temps près d'eux. Germaine nous donnait de bonnes nouvelles de tous dans sa dernière lettre et nous demandait des vôtres comme à l'ordinaire.
Pas de nouvelles d'André depuis que vous vous êtes vus ? Aura-t-il pu écrire hier ? Sera-t-il monté à l'Abadie ? Il nous tarde beaucoup de savoir s'il n'a pas trop de difficultés et d'imprévus et s'il a le temps de dormir un peu pour se réparer. (...)
Après cela, le facteur nous apportait vos gâteries (1) qui nous font bien plaisir mais qui sont vraiment excessives par le temps qui court et surtout si Henri n'a pas eu la gratification qu'il pouvait raisonnablement espérer après tout son travail et ses tracas.
Suzie est ravie de ses jolis petits mouchoirs et elle vous le dira elle-même. Mais tout à coup je regarde le papier qui les enveloppe et vois qu'ils viennent de la part de sa tante Henriette Jobert.
En ce moment, notre petite est avec ses tantes à un arbre de Noël fait par Thérèse pour rendre quelques politesses autour d'elle. Il doit y avoir une vingtaine d'enfants, je crois, une vraie grande fête pour tous ces petits. Suzie va revenir enchantée. Déjà hier, elle a eu un service à thé sur ses souliers qu'elle avait cirés je crois elle-même pour qu'ils soient bien présentables. Et le petit Jésus lui a apporté ce qu'elle désirait, c'était parfait, et en plus quelques petit objets amusants. Elle trouve que c'est bien commode d'être ainsi servie et pour l'année prochaine elle pense déjà qu'elle demandera une bicyclette ! Et Henriette lui a envoyé un berceau alsacien voyant que Bleuette et Rosette avaient de la peine à être au large dans la voiture que son parrain lui avait donné l'année dernière. Henriette viendra dimanche et lundi et serait restée aussi le 1er janvier si elle n'allait au baptême du petit-fils de ses patrons à la Pape.
Nos chers enfants nous manqueront bien dans la réunion pour goûter ce jour-là, et chacun voudra avoir des nouvelles en détail de sorte qu'il sera bien parlé d'eux et de l'espoir qu'ils viendront une bonne fois pour un séjour, peut-être avec F. et G. Vivons d'espoir qui est bien réalisable.
Nous partageons bien votre déception au sujet de l'emploi dans les Ponts et Chaussées. Il faudra se tourner d'un autre côté ? Il y a tant de choses existantes que l'on ignore et les occasions peuvent surgir si soudainement en dehors des recherches !
Jean-Jean aura son ménage comme il le souhaite : Marraine 2 le lui envoie. Sa vraie marraine lui expédie une petite table avec chaise qu'elle pense lui faire bien plaisir, puis une modeste crèche qu'il arrangera et devant laquelle il pensera au petit Jésus.
Pour ma part je pense qu'une petite maison-écurie l'amusera avec ses deux chevaux et son mignon char, je me suis amusée moi-même à faire 5 petits sacs que j'ai garni de bonbons, pour charger sur la voiture. Puis il garnira son minuscule grenier avec de petits fagots de bois ou de paille, à son idée.
Tout cela n'est pas grand'chose mais peut le distraire quelques moments. Les constructions que ses tantes ont vues n'étaient pas très intéressantes pour lui, c'est curieux.
Non, nous n'avons pas reçu le manteau dont vous parlez venant de chez Mme Grethen, mais celui de M. Louise lui va encore très bien et paraît neuf.
Je joins à ma lettre un petit mandat pour Jean-Jean ; je vous l'envoie ainsi pour éviter une étrenne au facteur et je crois qu'Henri n'aura qu'à attendre une occasion de sortie en ville pour ne pas se déranger pour cela.
Je viens de recevoir une lettre d'André et je vois qu'il n'a pu monter vous voir pour Noël. Je pense qu'il vous a prévenu et se réserve pour le 1er janvier. Il a beaucoup à faire naturellement mais paraît content de s'organiser comme il veut. Il n'a pas encore eu le moment de visiter toute la propriété. Il a eu beaucoup à écrire et à faire des plans, etc.
A bientôt d'autres nouvelles et mille tendresses à tous trois.
Maman"

(1) Bonbons, chocolats et pâtes de fruits, également envoyés à Paris, où il sont arrivés "collés ensemble, écrasés, une veritable marmelade !" (dixit Anna)

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