samedi 13 septembre 2008

13 septembre 1931 : Des projets pour Marie-Louise

"Mon cher Henri,
C'est moi qui prends la plume car François est plongé dans des calculs lui laissant les méninges en eau à la fin de la journée et une furieuse envie de dormir, le pauvre.
Nous avons bien étudié votre lettre et mûrement réfléchi puisque vous voyez que la réponse a un peu tardé à venir.
I. Il importe de marier Marie-Louise. Il y a longtemps que c'est notre avis et que nous y avons pensé. A Pâques, voyant tante M. Vulliod chez elle, nous lui en avions parlé ; réponse : "J'y songe, mais qu'elle se rétablisse et n'aie plus cet extérieur si fragile". Vous dites que son séjour à la campagne lui a fait du bien, c'est donc pour le mieux. Que les marraines se tranquillisent donc, personne ne trouve drôle que M. Louise ait envie de se marier, la meilleur preuve c'est que cet hiver même Anaïs avait sans le dire parlé d'elle à quelqu'un. Malheureusement, le "quelqu'un" a reculé car M. Louise à ce moment-là n'avait pas l'air bien solide. Dans notre entourage, je ne vois personne pour le moment, mais je vais en parler aux personnes que je connais ou que Maman connaît. Maintenant, Marie-Louise consentirait-elle à quitter Lyon ? Si non, cela restreindra forcément notre champ d'action.
II. Déterminer le chiffre de leur dot, c'est je pense comme vous le point capital si l'on veut parler sérieusement mariage. Au point de vue d'un partage, vous connaissez n'est-ce pas les idées de François quant à ses soeurs, et ce n'est pas parce qu'il est marié maintenant qu'elles ont changé, et je dois vous dire que je partage pleinement ses idées.
III. Question vente de Montchat : Il faudrait avant d'arracher notre mère à tous ses souvenirs, lui avoir trouvé un gîte stable qui lui plaise. Je vous avoue qu'à son âge, étant donné son fragile état de santé, ce serait une folie d'aller ainsi ballottée de l'un chez l'autre. Nous ne comprenons pas bien après la vente de Montchat l'achat de 2 maisons. Cela fait doubles frais, double impôt. Quant à vendre Montchat le plus tôt possible, c'est évidemment le mieux, car plus ça va plus la maison s'abîme et un jour viendra où les réparations coûteuses seront urgentes, mais encore une fois, pour ce faire, il faut que nos marraines soient fixées, installées q. q. part.
Tous ces décisions pourraient comme vous le dites être mises au point cet hiver et lorsque François reviendrait d'Algérie, on passerait aux actes. Vous savez seulement qu'avec Mère et M. Louise il ne faut pas trop brusquer les choses sous peine de leur faire beaucoup de mal.
J'espère que vous avez fait bon voyage, sans trop de fatigues pour Jane. Nous n'avons pas reçu de nouvelles des Marraines depuis votre départ, espérons que cette séparation n'aura pas eu une trop grand répercussion sur Marie-Louise. A mon passage à Lyon le mois prochain j'espère pouvoir la décider à nous accompagner à Nîmes, ce qui ferait une petite diversion et lui changerait peut-être heureusement les idées.
Je vous quitte, mon cher Henri, pensant que vous n'aurez pas trop de peine à me lire car j'écris bien mal et vous embrasse tous quatre très affectueusement.
Germaine
PS : Suzy aurait-elle besoin d'un vêtement d'hiver que Jane serait contente de lui voir et que son Parrain pourrait lui envoyer, avançant un peu le jour de l'an.

Mon vieux Gonghi,
Ma chère secrétaire intime t'a dit tout ce que nous pensions des questions que tu soulèves. J'ajoute que j'ai maintenant l'intention arrêtée d'aller vous voir en octobre au cours de ma perm à Nîmes et que nous pourrons encore bavarder de toutes choses ; je pense que tu ferais bien de cigogner André pour qu'au moment où je viendrai tout soit bien arrêté entre nous. Puis j'irai ensuite à Montchat et pourrais encore tâter les Marraines, voir passer aux actes.
Nous passons une semaine à St Claude, où je mets au net mes calculs avant de passer la main au successeur : car la guerre est finie pour moi, j'ai eu la vie très dure ces temps-ci avec le mauvais temps. (... illisible)
Mon vieux frère, je vous embrasse tous bien affectueusement.
François"

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Mon parrain est toujours frustré de ne pas avoir accès à ton blog, car son internet ne marche pas. Il a seulement accès à sa messagerie, alors j'ai réussi à copier cette lettre de ses parents que je lui envoie aujourd'hui.

Merci de continuer la saga, tu as donc un lecteur de plus par mon intermédaire.

Bisous

Hélène