samedi 20 septembre 2008

24 novembre 1931 : Et une triste...

"Ma chère petite Jane,
Tu avais dû savoir par T. Angèle la grave maladie de Martine (1). La pauvre chérie a été enterrée ce matin ! Elle est morte samedi soir après 8 jours de souffrances : méningite, pneumonie infectieuse, abcès au poumon, etc. ; on a tout tenté pour la sauver, mais hélas, l'infection était générale et il n'y avait aucun espoir. La douleur de ses pauvres parents est navrante, et Gd'mère est bien chagrine aussi mais ne l'ayant pas vue malade et l'oncle Jean n'ayant pas voulu qu'elle assiste à l'enterrement, elle a supporté ce coup beaucoup mieux que je ne le pensais.
Renée et Jean ont été très affectés et n'ont presque pas quitté la chère petite une fois morte. On n'enverra des faire-part que d'ici quelques jours, il y avait donc relativement peu de monde aux obsèques qui étaient très simples, à N. D. des Champs où le corps avait été ramené de la clinique la veille. Renée m'a emmenée déjeuner à Boulogne et je rentre à l'instant de la Providence. Mille choses affectueuses pour vous de tous !
Nous avons passé une semaine bien angoissante et bien triste et j'attendais un changement quelconque pour vous prévenir. Ta bonne lettre nous a fait un grand plaisir, mon Janot, car nous te savons tranquille maintenant sur ton état et délivrée de ce cauchemar (2).
Tante Angèle m'écrit qu'elle vous a trouvés en excellente santé et les enfants superbes. Peut-être y a-t-il du nouveau à Nîmes ? C'est même probable, et Henri va sans doute bientôt remplir ses fonctions de parrain. Tes belles-soeurs font bien de profiter de cette occasion qui les distraira un peu. (...)
Ci-joint une recette très bonne paraît-il contre la chute des cheveux ; elle est en usage à l'hôpital St-Louis. Il n'y a qu'à la faire préparer par un pharmacien. (...)
Merci pour le patron de Janot. Je vais lui faire une paire de chaussettes sans talon, comme me l'a conseillé O. Dumas, il paraît que c'est très pratique jusqu'à 1 an. S'il a besoin d'autre chose en lainage, lui ou Suzie, tu me le diras ; de même que le jouet qui pourrait faire le plus de plaisir à Suzie pour son Noël, cela me rendrait gd service d'être fixée.
Je termine, mes chers enfants, en vous embrassant tous les 4 bien affectueusement pour nous tous. Encore de grosses caresses à nos chéris, et pour vous deux, nos meilleures tendresses.
A. Beauser"


(1) Martine Jobert, fille de Jean et Henriette Jobert, nièce d'Anna, cousine de Jane, soeur de Denise. Elle avait 4 ans.

(2) Nous ne saurons pas exactement de quoi a souffert Jane : fausse-couche compliquée, grossesse extra-utérine... ?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour,

Je continue à lire régulièrement. Cette histoire de cette petite fille morte à 4 ans m'a marquée lors de ma dernière visite sur ton blog.

J'ai lu aussi l'accident de Joseph Mouterde, quelle traumatisme ça a dû être aussi.

Bref la vie qui va, avec pour chaque génération sa part de peine.

En tout cas bon anniversaire à tante Suzy !

Bisous

Hélène