mardi 12 août 2008

11 avril 1930 : Jane est à Montchat et fait de la poésie

"Montchat, dans le jardin, au bon soleil, parmi les oiseaux et les arbres fruitiers fleuris. Et après cela, mon cher vieil homme, dis-moi si je ne suis pas un poète ignoré des hommes.
J'ai fait un bon voyage, merci. Le grand-père s'est montré fort sociable par la suite, et Suzie a dormi de 10 h à midi et de 6 à 7. Nous sommes arrivées à 7 h 1/2, et figure-toi que Marthe n'a pas eu l'idée de venir voir en tête du train où je l'attendais sur le quai. J'ai donc pris un porteur pour sortir de la gare et j'ai trouvé la belle enfant aux aguets entre les deux sorties. Puis, nous avons pris un taxi, maman le voulant, et parce qu'il était tard.
Il paraît que je dois faire viser mon bulletin d'arrêt ce soir seulement, au passage.
Maman va à peu près. Suzie n'a pas été sauvage, elle s'est tout de suite amusée avec une boîte de cubes, et tellement qu'elle ne voulait plus aller faire dodo. En ce moment, il est 11 heures, et elle dort dehors au soleil, tout comme à Nice.
Marie-Louise me trouve maigrie un peu, j'en suis vexée. Marthe a des maux d'estomac pour te tenir compagnie.
Et toi, comment vas-tu ? Les marraines aimeraient que tu prennes de l'eau de Vals, un verre à jeun, tous les matins. Vois si tu en trouves à la coopérative, et soigne-toi bien, c'est ton devoir. N'apporte pas d'oeufs, André en comble les marraines ; mange-les tous, c'est excellent.
Le garage n'est pas commencé ; un maçon creusait ce matin l'emplacement. Le portail existe, et la Bébé P. attend dans un garage voisin d'être réparée.
André va venir sans doute tout à l'heure, et il restera ici demain, parce que le Kozak arrive demain matin à Montchat d'où il repartira mardi pour Paris, où je le verrai certainement.
Suzanne Vincent et Odette doivent venir tantôt. Odette et Gab vont dans le midi pour Pâques, dans l'auto des Bernal (?). Et Jackie sera confiée aux marraines, pendant ce temps.
Maman m'écrit pour me conseiller d'attendre à la gare de Lyon, demain, jusqu'à 6 h 1/2, sans quoi je devrais payer le tarif de nuit. Ce sera rasoir, de rester au buffet 1 h 1/2 et un train à 9 ou 10 h eût bien mieux fait mon affaire.
Enfin, ne t'en fais pas pour nous, car je suis une mauvaise femme, qui ne pense qu'au plaisir et te boulotte ton pèse honteusement. Pauvre homme. Et la tarte aux pruneaux, était-elle bonne ? Bons baisers des marraines.
Je t'aime toujours.
Fenon"

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