mercredi 27 août 2008

2 avril 1931 : Renée est dans les préparatifs

"Ma chère Jane,
Je t'écris un dernier mot de New York avant que je sois trop occupée avec les malles et tout le fourbi. Nous sommes faits maintenant à cette idée du retour, et d'ici un ou deux ans ce sera la belle situation pour Jean (surtout quand Charles aura laissé la place !). Nous sommes dégoûtés de l'accueil que Germaine nous réserve : elle ne peut non seulement nous donner nos chambres qui sont occupées, mais elle ne parle même pas de loger les enfants et de nous offrir sa table qui aurait reposé les estomacs de la nourriture du bateau !
C'est peut-être son mari qui fait des objections et qui ne tient pas à nous voir trop souvent, car il n'ignore pas que nous sommes au courant de ce qu'il fait, alors que Germaine ne sait rien : c'est un salaud et cela devait arriver tôt ou tard... mais surtout garde cela pour toi et ne me réponds pas à ce sujet, Jean ne serait pas content !
Dès notre arrivée à Paris je t'enverrai les petites affaires pour ton bébé ; j'y ai ajouté des draps de Pierrot qui ne vont plus me servir ainsi que des couvertures tout en laine, car Pierrot aura un lit comme Jacques. Les autres, neuves, sont en coton et te serviront pour le langer au début et ensuite de couverture légere ; ne crains pas de les laver, cela ne les abîmera pas. Quant aux couches il y en a de 2 dimensions : des carrées, que tu plieras en biais 2 fois, et des rectangulaires à plier une fois en deux puis en biais : il n'y en a que 2 douzaines, mais elles sont inusables.
Nous serons sans doute au Havre le 30 avril et ferons la route jusqu'à Paris avec notre voiture que Jean n'a pas voulu vendre pour une bouchée de pain, attendu qu'elle est toute neuve et marche à merveille. Oui, je conduis, et je suis fière que Jean me donne sa confiance, car il y a beaucoup de maris qui ne veulent pas, témoin l'oncle Jean. Un jour viendra peut-être où nous irons vous surprendre par la route des Alpes... quel beau projet !
A bientôt, cher tous, je dis cela sans savoir si on se reverra bientôt, mais nous aurons certainement plus de chance de nous retrouver là-bas qu'ici !
Bon courage pour ces dernières semaines, ma chère Jane, tu seras délivrée juste avant les chaleurs ; je te souhaite ce que tu désires !
Nous vous embrassons tous les trois de tout notre coeur.
Ta vieille soeur (32 sur le bateau) qui t'aime,
Renée"

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