lundi 25 août 2008

9 mars 1931 : Anna est plus gaie (ça se voit aux points d'exclamation)

"Mon petit Janot,
Ta bonne et longue lettre nous a fait bien plaisir, sans parler du "qu'en" (1) de nos filles brevetées signalé par Henri, qui nous a pas mal divertis ! Enfin, vos santés sont excellentes, c'est le principal, et vous jouissez d'un temps merveilleux, inconnu ici depuis des mois ! Profitez bien de ce beau soleil en évitant les rhumes de cerveau. Comme nous voudrions jouir des belles joues roses de notre Suzie ! Espérons qu'on pourra peut-être arranger une réunion pendant le voyage de Jean dans le nord. Mais on ne peut faire aucun projet avant l'arrivée des N. Y.
Les déplacements seront assez compliqués pour toi aussi avec le n° 2, et tu ne pourras sans doute pas aller loin ! (...)
Germaine (Herrembrod), vue mardi dernier, m'a dit que les Américains ne pourraient pas loger Bd Barbès, en attendant d'avoir trouvé un appartement, que c'était trop juste comme place, et qu'il valait mieux qu'ils aillent en appartement meublé.
Il paraît qu'ils ont l'intention d'habiter vers la porte Champerret dans une maison neuve. C'est un quartier agréable et pas loin du "Bois".
Votre promenade à Vence n'a pas été réussie avec cette panne d'auto, et le retour a été piteux pour vous comme pour ce pauvre André qui s'en est vu avec son outil à réparer !
Nous espérons que Marie-Louise se remettra rapidement de cette nouvelle fatigue nerveuse, avec un traitement approprié ; car il ne faudrait pas qu'elle soit malade longtemps vu l'état de Mme Reignier.
Je pense que nous pourrons nous réunir avec les jeunes époux (2) à leur retour de Lyon, après Pâques, nous leur écrirons de venir un dimanche.
Je dois aller jeudi voir T. Angèle ; elles ont dû changer d'idée pour leur paquet de Noël et ne m'en ont pas reparlé. Comme elles savaient que tu avais acheté une poupée à Suzie avec l'argent de Renée, je suppose qu'elles attendent la naissance du... fils, pour faire un envoi, à moins qu'elles aillent dans le Midi pour Pâques !
Rien de nouveau ici, sauf que Jules a encore changé d'idée. Il nous dit que sa décision est prise, qu'il viendra à Paris fin avril pour l'Exposition Coloniale, et fera ensuite venir Juliette selon les évènements pour qu'elle trouve une place ici ! Nous lui avons écrit pour le détourner de ce projet insensé, étant donné le chômage qui augmente tous les jours et la cherté des loyers. Le malheureux raisonne comme un gosse et n'a aucune prévoyance. Mais ce qu'il y a de certain, c'est qu'il n'arrive pas à trouver une place stable à Bruxelles, et travaille de loin en loin selon les occasions. C'est lamentable.
Nous voyons que le travail ne marche pas fort non plus à Nice, et nous faisons des voeux pour qu'Henri conserve sa place, sans quoi ce serait une cata-
strophe !

Papa et moi vous envoyons à tous trois mille baisers bien affectueux, mes chers enfants, et à toi encore, ma chérie, nos meilleures tendresses.
A. Beauser
Madame Poisson m'a remis pour toi un ravissant bonnet de laine que je joindrai à l'envoi du mois prochain.
Soigne-toi bien et ne te fatigue pas trop, surtout avec les lavages !"

(1) Renée avait écrit "qu'en" pour "quand", et Jane a dû faire la même faute dans une lettre à sa mère.
(2) François et Germaine

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