dimanche 3 août 2008

29 décembre 1929 : Jane est à Montchat

"Bonjour, mon vieil homme,
Je pense que tu te plais dans ton célibat, et qu'aujourd'hui dimanche va être pour toi un jour de rigolade et de bombance : cinéma, poules, etc. Profites-en avant de retomber sous le joug de ta méchante femme.
Ici on ne s'en fait pas, sauf qu'on aimerait à voir maman plus solide. Et a souvent des malaises, la nuit surtout.
Quant à Suzie, elle est charmante, donne la main à chacun, dit merci à grand-mère, envoie des baisers ; elle a même inauguré un salut avec la main à l'adresse de son oncle André, qui nous fait beaucoup rire.
Figure-toi que maman lui a offert une jolie petite voiture pliante. J'en suis ravie, comme tu le penses.
Marie-Louise m'a déjà fait une robe, elle est très chic. Mais si elle ne te plaît pas, tant pis.
Hier les Gabodjacky (1) sont venus. Tout le monde t'espère et te désire, disant que tu devrais bien demander jusqu'à lundi, puisque le samedi on ne fait pas grand'chose.
As-tu acheté du son pour les poules ? Donnes-en à Germaine avec des pâtes. Et n'oublie pas de donner un bon coup de balai si tu en as le temps. Pauvre homme !
Et laisse bien ta sale veste grise, etc. etc.
André confise avec rage, il est à la recherche d'un portail, et espère toujours son auto.
Et voilà tout le nouveau. Henriette et Charles Reignier doivent venir déjeuner le 1er janvier et les Dumas viendront l'après-midi.
Au revoir, mon brave homme. Je pense à toi de temps en temps. Et toi ?
Ici il fait peu froid mais humide. On sort Suzie de temps en temps dans sa voiture où elle se plaît.
On t'embrasse tous bien fort.
Fenon"

(1) : Gabriel Dumas, sa femme Odette, et leur fille Jacqueline

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