mercredi 2 juillet 2008

10 octobre 1928 : Marthe est prête à partir

"Chère Janotte,
Heureusement qu'il y a encore des gens honnêtes sur la terre qui sont assez bons pour faire parvenir à destination les lettres que certaine jeune dame étourdie laisse tomber à terre. La photo n'est donc pas perdue et ils sont bien jolis ces petits. Je consens volontiers à avoir une nièce si elle est aussi ravissante que la tienne. Quant au tout petit on lui donnerait au moins 1 an.
Je voudrais que le nôtre ait déjà 1 jour, qu'il ouvre les yeux, qu'il sache parler, qu'il soit tout blond. Que c'est long la vie.
Alors voilà, j'arrive au commencement de la semaine prochaine s'il n'y a rien de nouveau. Et j'attends ta prochaine lettre pour fixer un jour.
Je suis touchée aux larmes de la peine que prend mon tendre frère pour me faire un moïse. Il n'y avait pas besoin de tant de ressorts, je suis rembourrée.
Pour le parrainage nous avons pensé que vous devriez tout simplement prendre notre Kozak qui serait très fier certainement. Il faut bien que cela lui arrive une fois d'être parrain dans la famille, pourquoi pas pour le premier-né ? Henri n'a qu'à lui écrire pour lui expliquer. Je me demande si Pierrot serait enchanté. Enfin je n'en sais rien, tout cela dépend du point de vue où l'on se place, de l'importance qu'on y attache et de l'idée qu'on s'en fait. Vous êtes renseignés, je pense.
Nous sommes donc très bien rentrées, la maison était dans un état déplorable, mais on ne s'est pas frappé étant donné que chaque année pareille chose se reproduit - et on en meurt pas (sic). Mais Marie-François qui était là tout à l'heure veut à tout prix nous envoyer sa femme de ménage pour nous aider à cirer. Nous avons retrouvé tous nos Dumas et tout à l'heure nous étions seize dans notre salle à manger. Il y avait aussi Hélène et Jean rentrés de Besançon. Tu n'as pas idée du vacarme que tout ce monde faisait. On a eu une minute de silence pourtant au moment du goûter mais ç'a été le seul répit. T'en fais pas le petit Jean pourra crier ça n'égalera jamais les six petits Dumas Biass Giroud fermés dans une pièce avec leurs parents et Marie-François. Ces dames m'ont donné pour toi leurs petits ouvrages. Il n'y a que nous qui ne faisons rien. C'est honteux.
Suzanne M. attend un gosse. Vive la France.
A bientôt de vive voix le complément et les détails et surtout le plaisir de te serrer dans mes bras et ton loup aussi. Quant au petit Jean, je l'étouffe.
Marthe

Adresse de Kozak : Cne Reignier, chef de la Brigade Géodésique de Ouezzan. Ouezzan (prière de faire suivre)
Bonjour et tendresses de
Colombe"

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