lundi 28 juillet 2008

28 septembre 1929 : Les Marraines sont encore à Marcy

"Mes chers Enfants,
Combien vos bonnes nouvelles nous ont fait plaisir ! Et ce beau temps qui continue est tout à fait agréable pour ceux qui sont à la campagne comme vous et nous. Et la mignonne pourra mieux prendre ses premiers ébats. A quel nombre de pas en est-elle à présent ? La voilà tout décidément partie à la conquête du monde. Mais vous voici plus préoccupée, ma chère Jane, de lui voir inventer des choses dangereuses qui seront plus à sa portée. A-t-elle un peu renoncé aux cailloux ou autres choses aussi peu digestibles ? Avec six dents, elle peut devenir ambitieuse.
S'intéresse-t-elle à ses poules qui vont travailler en partie pour elle, surtout en commençant. Il faudrait que vous puissiez les tenir bien au chaud et leur donner une pâtée chaude quand il fera froid ; mais peut-être qu'à Nice, elles seront moins paresseuses en hiver. Ici les oeufs ont passé subitement de 7,50 à 10 francs. C'est un peu exagéré.
André a encore eu de l'ennui avec ses boeufs qui marchaient si merveilleusement bien. L'un d'eux s'est empalé, presque sous ses yeux. Cela ne paraissait guère troubler la pauvre bête qui continuait à manger, mais le vétérinaire a dit tout de suite qu'il fallait l'abattre et on a pu constater qu'il avait eu raison.
Le boucher a donné environ 80 pour 100 de sa valeur parce que la viande était très bonne, mais là n'est pas tout le dommage, parce qu'il a fallu vendre l'autre boeuf trop difficile à réappareiller (sic), puis ensuite chercher une autre paire dans les environs. André est allé pour cela à la foire de Chénelette, mais les boeufs qu'il a ramenés sont jeunes et pas encore habitués au travail, de sorte qu'il faudrait trop de temps pour les dresser à un moment où l'ouvrage abonde et où le temps est favorable pour le presser. Alors, André va chercher de nouveau une autre paire de boeufs, ou plutôt il s'en occupait hier matin et nous ne savons encore rien à ce sujet. D'autre part, comme Claudius est parti, il a fallu aviser à un remplacement et c'est un jeune ménage qui sans doute va faire ce qu'il cherche. Le mari a dû venir hier de Tournon, pour achever de s'entendre avec André.
Marthe avait pensé vous écrire, mais ce sera pour une prochaine fois et c'est pour le pas retarder de deux ou trois jours les nouvelles et les faire de nouveau se croiser que je vous écris ce matin. (...)
Pendant 5 jours à peu près nous avons eu un vent du nord très peu chaud, on ne pouvait s'asseoir dehors, mais la température s'est radoucie et hier c'était bien bon. Il est probable que nous ne rentrerons que vers le 10 octobre.
Merci pour les diverses recettes qui peuvent toujours trouver à s'employer, et s'il y a encore des raisins au marché de Montchat, nous essaierons la confiture.
Pas de lettre de François depuis qu'il est allé chez vos parents. Nous attendons les nouvelles.
Mille tendresses, chers enfants, à tous les trois ensemble et à chacun en particulier.
Maman"

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