mercredi 2 juillet 2008

Septembre 1928 : Une lettre d'Anna à sa fille

"Ma chère petite Jane,
J'espère que cette fois-ci, nos lettres ne se croiseront pas, et je viens te dire tout le grand plaisir que nous ont causé les photos. Elles sont épatantes, et papa me charge de vous dire combien il est heureux que son appareil soit encore en bon état et puisse donner de si bons résultats !
Ces trois groupes sont parfaits et nous sommes tous très bien. C'est dommage que l'on n'ait pas pu en prendre à la Providence avec Gd'Mère ; ce sera pour l'année prochaine !
Papa a reçu hier son gilet et te remercie de la peine que t'a causé cet envoi.
Nous espérons que tu es à peu près réinstallée et sans trop de peine, mon Janot. Quant à la chaleur, elle doit commencer à se calmer, à en juger par ce que nous avons ici, et vous ne devez plus transpirer que dans le milieu du jour ; les nuits sont très froides, nous avons 10° le matin !
Quelles charmantes promenades vous devez faire le dimanche, profitez-en bien, mes chers enfants !
La cueillette des figues n'est pas à dédaigner, et sèches, elles doivent en effet être délicieuses et encore plus sucrées.
Je vais vous annoncer une nouvelle qui vous fera sûrement plaisir comme à nous du reste. Papa a eu la chance de trouver de suite une situation à son retour de Lisieux. Il est allé lundi à l'Office des employés de banque, et mardi matin, il est entré dans une banque, la Gazette du Franc, qui a un journal financier, 128 rue de Provence ; il est au service des titres, et tout-à-fait tranquille ; appointement bien supérieur à celui de la B. P., ce qui est fort appréciable ! Il a trouvé un bon restaurant rue de Provence à 8 F vin compris. Il a le samedi toute la journée, de Pâques à la Toussaint, et le reste du temps pas de semaine anglaise à cause de la Bourse. Enfin, tout est pour le mieux, et nous voilà tranquilles.

Nous irons sans doute à La Bretêche samedi de la semaine prochaine au lieu de jeudi ; j'ai écrit pour cela à Tante Henriette.

Mme Fromentin m'a dit que pour les bébés en lange, elle mettait toujours la brassière de laine entre la chemise et la brassière de finette, ce que je faisais du reste autrefois, et ce qui économise beaucoup les lainages, la brassière de finette étant plus vite lavée et séchée et s'abîmant moins au lavage. J'espère que tu n'auras pas trop de peine pour la confection du Moïse.
Je termine, ma chérie, ayant juste la place de vous embrasser tous les deux mille fois bien tendrement, comme nous vous aimons.
A. Beauser"

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