lundi 14 juillet 2008

Mars 1929 : Les Américains ont débarqué

"Ma chère petite Jane,
Comme tu dois le penser, j'ai attendu l'arrivée de nos chers grands et petits pour répondre à ta gentille et longue lettre ! Et ils se sont fait attendre, le bateau ayant eu 48 heures de retard ! Il ne sont arrivés qu'hier soir à 6 h 1/2 gare St Lazare, où nous avons attendu le train une partie de l'après-midi. Comme nous avions eu juste le temps de les embrasser avant qu'il ne partent en taxi, Jean est venu nous cueillir à la maison à 8 h et nous a emmenés en auto Bd Barbès où nous avons dîné tous ensemble !
Les pauvres ont eu une sale traversée et Renée a été vraiment malade ; Pierrot a l'intestin tout détraqué n'ayant pu avoir de lait les derniers jours et il a besoin de grands soins maintenant. Aussi nous devions les avoir à dîner ce soir, et Renée est venue avec les deux grands cet après-midi pour me dire que ce serait remis à demain soir, car elle veut s'occuper de ce pauvre gosse qui était vraiment bien fatigué ce matin. Espérons qu'on va le remettre vivement d'aplomb et que Renée et Jean pourront partir tous les deux seulement jeudi ou vendredi. Renée te préviendra par dépêche de son arrivée, et ils espèrent pouvoir trouver une chambre du côté de la place Masséna pour être plus près de la mer. Je me réjouis pour eux et pour vous de cette bonne réunion ; que de choses à vous raconter, et comme les journées vont vous sembler courtes ! (...)
Nous avons eu une grande lettre très gentille de Juliette ; tout va bien pour le moment.
Nous sommes très contents de votre réunion avec la famille Mouterde et c'est dommage pour vous qu'il n'aient pu avoir la villa en question !
Ce que tu nous dis de l'augmentation des appointements d'Henri nous fait bien plaisir car avec sa pension, c'est vraiment intéressant, et ce
la vous permettra de mettre de côté pour les imprévus, car on ne peut vivre au jour le jour et c'est nécessaire de se constituer peu à peu un petit capital.

Espérons que vous trouverez un appartement vous convenant, plus près de l'usine, à cause du repas de midi.
Tu me diras dans ta prochaine lettre si la petite prend bien son lait Nestlé ; tu fais très bien de commencer l'allaitement mixte, surtout ayant tes règles, cela te fatiguera moins, et Suzy s'en trouvera mieux aussi.
Tu dois penser, mon Janot, que ce n'est pas le désir qui me manque d'aller auprès de vous, et que si j'étais seule, je n'hésiterais pas ; mais je ne puis songer à laisser papa, et les petits me retiennent aussi, voulant jouir d'eux le plus possible.
Renée te racontera tous leurs méfaits avec Saladino, leurs projets d'avenir, etc. Il est probable que c'est bien leur dernier congé avant le retour définitif !
Je termine, ma chérie, ayant juste le temps et la place de t'embrasser mille fois bien tendrement ainsi que ton cher Henri et la petite, pour papa et pour moi.
Vos parents qui vous aiment beaucoup et pensent à vous sans cesse. Gros baisers de Renée et de Jean et des chers petits.
A. Beauser"

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