dimanche 27 juillet 2008

6 août 1929 : Jane et Suzy sont à Marcy

"Bonjour, mon vieil homme,
Je vais bien, et toi ?
Viens vite, ici l'on est à merveille. Il fait beau, l'air est délicieux, les gens affables. En ce moment, toute la famille est réunie au jardin, autour du parc de ta fille. On coud, cause, goûte, parfois se promène ; Marthe parle d'aller s'exercer au billard du café voisin avec papa. C'est effrayant, on entendra tout.
Suzanne a été insupportable hier toute la journée, ne voulant être regardée par personne et hurlant lorsque maman ou les marraines faisaient le geste de la prendre. Aujourd'hui ça va mieux.
La maison est grande : 3 pièces en bas, dont salle à manger, cuisine et notre chambre avec mobilier confortable, lustre superbe. Au premier étage : chambres des marraines et de mes parents, 3 pièces aussi.
André n'a pas encore paru, on l'attend un peu ce soir (on dit, en grand secret, dans les tuyaux d'oreille, qu'il a cédé galamment Belotte à son cousin, et que ce dernier a trouvé une situation meilleure ; c'est tout). Ton frère est un galant homme. Aimait-il ?
Bref, c'est tout. Que fais-tu ? J'espère que tu me l'écriras bientôt. Dis-moi tes courses, tes lettres reçues, ce que tu manges... et bois. Ne fume pas, c'est défendu. Ici tu auras la vie belle et te reposeras. Tâche que ce soit le plus tôt possible. François doit arriver samedi matin.
Il paraît que Lozanne est un peu plus éloigné de Marcy que Villefranche.
J'envoie mon meilleur souvenir à l'illustre M. Battanchon, mon vieil ami.
A toi, mon vieux loup, tout ce qu'il me reste d'à peu près bon au fond de ce mauvais coeur de mauvaise femme"

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